Voilà ce qui s’appelle communément avoir le cul entre deux chaises. L’expression semble même avoir été créée pour ce disque un peu particulier dans la carrière de MEGADETH. En effet, si "Countdown To Extinction" et surtout "Youthanasia" marquaient un ralentissement des tempos et l’avènement d’une ère plus « commerciale » sans que le terme ne soit ni galvaudé ni injurieux, "Cryptic Writings" ne renie pas tout à fait cet état de fait mais n’est pas un retour aux sources non plus. Ce qui fait que la bande à Mustaine – dont nous vivons les derniers instants de la formation comprenant Nick Menza et Marty Friedman – ne sait pas sur quel pied danser et à tendance à s’éparpiller.

Ce disque alterne des compositions typées Heavy Metal et d’autres qui renouent avec le Thrash, sur des titres très courts le plus souvent, avec plus ou moins de bonheur. "Cryptic Writings" contient de véritables moments de bravoure, le genre de morceaux qui sont motivants, qui donnent envie de se replonger dans la discographie de MEGADETH pour voir sur quel album pourrait s’intercaler certaines pièces de celui-ci. Vaguement, nous pouvons avoir quelques réminiscences d’un passé autrement plus glorieux, mais il s’avère rapidement que "Cryptic Writings" possède une espèce de logique qui lui est propre.

Et cette logique, aussi farfelue soit-elle, est de ne pas en avoir. Carpe diem, comme dirait l’autre. Ce qui fait qu’il y a absolument de tout sur ce disque, des titres Heavy soigneusement calibrés ("Trust", "Secret Place", cette dernière allant encore plus loin dans ses élans mélodiques), des morceaux speed qui nous renvoient donc à une époque que l’on croyait révolue ("The Disintegrators", "FFF", le riff de cette dernière étant quand même honteusement pompé sur le "Motorbreath" du frère honni METALLICA (ce qui, avec "Mechanix", devient vraiment litigieux).

Et dans cette mélasse bordélique, MEGADETH parvient à tirer son épingle du jeu. Pas toujours, malheureusement, mais il y a quelques belles pièces qui traînent sur ce titre, comme "She-Wolf", "Almost Honest" qui fait un single convenable et qui aurait parfaitement eu sa place sur "Youthanasia" par exemple, "Trust" qui est une entame intéressante, un mid tempo solide qui prend son temps pour nous arracher la tête, "Secret Place" un brin déroutante, "The Disintegrators" qui nous rappelle que Mustaine est un excellent riffeur.

Le reste oscille entre le correct et le mauvais. Marty Friedman semble s’être lassé du groupe, la qualité de ses soli commence sérieusement à décliner et il n’apporte pas toujours de très bonnes idées. Il manque à "Cryptic Writings" un ou deux morceaux de la qualité d’un "She-Wolf" (par hasard) pour lui permettre de décoller un peu plus et surtout, d’un peu plus homogénéité pour ne pas perdre les auditeurs en route… Ou leur donner de faux espoirs.

Note réelle : 2,5/5, poussé à 3.