Il a toujours été de bon ton de cracher sur METALLICA. À toutes les époques, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Les Four Horsemen ont régulièrement tendu le bâton pour se faire battre, et ont fait tous les sacrifices pour arriver sur le toit du monde Metal. Mais il y a quelque chose qu'on ne pourra jamais leur enlever, c'est leur amour de la musique, et leur reconnaissance envers leurs influences (qui ont toutes reconnu n'avoir jamais autant gagné d'argent avec leur musique que grâce aux reprises de METALLICA). Depuis "Creeping Death", la plupart des singles de METALLICA renferment des reprises. Rendant hommage à ses influences, un EP de reprises sera carrément le moyen privilégié pour introduire Jason Newsted.

Le milieu des années 90 est une période d'activité intense pour METALLICA. Les mecs ne dorment jamais, la coke faisant le boulot, et maintenir son statut, en défendant deux albums sortis coup sur coup ("Load" et "ReLoad") aux qualités disons… diverses, demande une activité soutenue. METALLICA commence aux yeux du public à perdre pied, mais il se rappelle pour autant d'où il vient. Et "Garage Inc." vient souligner à la fois une nouvelle volonté de légèreté de la part du groupe, mais aussi une occasion de réunir sur un seul support les diverses reprises enregistrées depuis 1984. Je commence donc par évoquer le second CD, très riche et qui témoigne des changements esthétiques dans le son du groupe (très drôle d'entendre aussi bien la basse sur les cinq titres du "$5.98 EP – Garage Days Re-Revisited" quand on connaît la suite). On y plonge dans le passé connu des Américains, leur passion pour la NWOBHM et quelques curiosités comme les MISFITS et KILLING JOKE (quand on sait que James disait à qui voulait l'entendre qu'il détestait le Punk).

Mais le premier CD, un disque plein de nouvelles reprises (onze) est intéressant à plus d'un titre. Déjà pour la production monumentale de Bob Rock (dans la droite lignée de celle de "ReLoad") mais aussi pour les choix opérés. Ici METALLICA assume un héritage bien plus diversifié et qui s'accorde pour tout dire opportunément avec les deux dernières livraisons originales des deux années précédentes. Et pourtant le Punk n'a jamais été aussi présent, avec non pas une mais deux reprises de DISCHARGE, dont un extrait du référentiel "Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing" et une nouvelle reprise de DIAMOND HEAD (le groupe en est à quatre, sans compter qu'il reprenait "Sucking My Love" à ses débuts), gâchée il faut le dire par le chant très exagéré de James Yeah Yeahtfield. Sur la reprise de Nick CAVE c'est l'enfer, mais aussi sur "Mercyful Fate" un audacieux medley de cinq titres de la légende danoise, sur laquelle les jeunes James et Lars se sont exercés dans leur prime jeunesse, alors que Dave Mustaine et Ron McGovney étaient encore dans le paysage. LYNYRD SKYNYRD, une influence assumée de Cliff et de Dave… et visiblement de James se voit récompensée par une belle version de "Tuesday's Gone" à laquelle il manque certes un peu de finesse. Mais dans ce genre de registre, a priori un peu éloigné de la musique des Américains, "Turn The Page" est une vraie réussite, même si encore une fois le chant de James agace. Sur ce disque, il joue encore plus au chanteur que sur les deux albums qui précèdent, où l'héritage des années "Justice/Black Album" restait palpable. Mais parfois il est surprenant dans le bon sens du terme, affichant une profondeur en tant qu'interprète qui s'était pour le coup révélée sur "Load". La version METALLICA de l'immense "Astronomy" se détache du lot tant les musiciens semblent vouloir rendre hommage à l'atmosphère si particulière du BLUE ÖYSTER CULT, mettant Kirk Hammett en avant. Et le chant de James s'approche très près de celui d'Eric Bloom sur ce coup-là.

"Garage Inc." est une aubaine pour les fans, une grille de lecture de ce qui inspire les Four Horsemen, et un bon pansement pour se remettre d'un "ReLoad" très décevant sorti de ses immanquables singles. Décidément les Américains sont des artistes surprenants, pour le meilleur et pour le pire.