On connaissait le Viking metal, le Gaulois metal, il va falloir désormais accueillir le Helvète metal !
Les surprises de metal folklo extrême, en cette sacro-sainte année 2006, ne viennent ni de l’hexagone, ni de Scandinavie ou de Finlande, ni d’Allemagne, mais de pays plus "outsiders". Après ARKONA pour représenter la Russie, voici ELUVEITIE pour la Suisse. Mais contrairement au premier qui nous amenait un saillant cru d’originalité, on ne peut pas dire du second qu’il bouscule les conventions du genre. Mais par Toutatis, est-ce une condition nécessaire et suffisante pour dire que l’album sera moyen, voire mauvais ?

Par Taranis, certainement pas, car si ELUVEITIE opère dans un genre qui a déjà été mainte fois visité, il le fait bien, et pas « seulement » bien ! Ce n’est pas ce début d’album à l’efficacité bluffante qui irait me contredire : Chants incantatoires, mélodie reprise tour à tour par la flûte et la vielle (?)…l’intro « Spirit » nous laisse déceler assez rapidement la production puissante d'un Markus Stock (qui a déjà bossé notamment avec TENHI et THE VISION BLEAK) toujours aussi juste. Plus « propre » qu’un AES DANA ou qu’un CRUACHAN, plus proche d’un son de black mélodique ou de death mélodique que d’une production plus « true », chaque instrument trouve la place qui lui revient, et plus si affinités. Pour dresser une petite parenthèse de ce côté là, la troupe ne compte pas moins de huit membres eux mêmes multi-instrumentistes (pour la plupart), ce qui rend bien entendu une présence et une variété instrumentale que nous ne retrouvons chez nombre de groupes du genre.

« Uis Elveti  » :impressionnant, chanté en Helvetique (?), timbre de voix black/death hyper chiadé, puis chœurs voluptueux et prenants. Imaginez un TURISAS sans claviers, un poil plus « celtisé », et tout aussi excellent.
« Your gaulish war », nouveau tube guerrier qui porte merveilleusement bien son nom. La flûte sopranino survolté évoque un HEOL TELWEN dans sa meilleure forme, à nouveau on se retrouve scotché par l’efficacité et l’énergie que déploie les neufs petits suisses. « Aidu » et ses voix féminines apaisent l’atmosphère tout en la peaufinant d’un aspect plus éthéré. Un peu plus loin dans le cd, on retrouvera des voix féminines traditionnelles sur « Siraxta », en version métallisé cette fois ci !

La joie et la claque des premiers morceaux passées, l’entreprise tient encore la route, s’essoufle un peu tout en restant pertinente. Seul « Andro » est à mon avis de trop : reprise vraiment très conventionnelle d’un thème folk excellent mais déjà entendu et réentendu (la version de FAUN sur l'album Licht pour le meilleur que je connaisse), qui méritait à mon avis plus qu’une adaptation aussi plate. L'aura mystique de « The Endless Knot » aurait été une conclusion bien plus pertinente.


En clair: Mélodies fines et savamment interprétées par un arsenal instrumental impressionnant, parties rythmiques rigoureuses créant une véritable dynamique tout au long de l’album, guitares qui ne font pas que de la figuration derrière les instruments folk (comme c’est malheureusement le cas chez beaucoup de groupes du genre, KORPIKLAANI ou HANTAOMA par exemple), hurlements guerriers ou chants plus mélodieux… ELUVEITIE semble avoir trouvé la symbiose adéquate entre musiques extrêmes et musique trad’ celtique.

Certes, ils ne sont pas les premiers ni les derniers à façonner les terres du Metal Folklorique celte, espérons qu’ils affirmeront leur personnalité au fil du temps. En attendant, Spirit est et demeurera une traversée palpitantes dans quelques forêts Helvète humides, qui sentent la gloire des victoire, du sang et de la pluie.