Bien que "Ride The Lightning" et "Master Of Puppets" soient d'excellents albums de Thrash de la belle époque ("Master" récoltant le max d'éloges pour sa maturité naissante s'éloignant grandement de "Ride", alors que mon cœur a toujours penché pour "Ride"), "...And Justice" demeure quant à moi leur opus le plus achevé.

Côté technique, on a rarement entendu plus complexe (Lars est au sommet de son « art »), côté subtilités, la chant de James et les guitares de Kirk et Jason s'entremêlent à merveille (ce qui ne sera pas toujours le cas). Les atmosphères sont collées à la surprenante production : sèches, dures, en acier trempé. "...And Justice" est violent, je vois pas d'autres mots. Sans merci, froid comme la mort.

Moins adolescent que les trois premiers albums de METALLICA, "...And Justice" est un pont parfait entre le certain « sérieux » qui sous-tend "Master" et l'accessibilité légendaire du "Black Album".

Les textes sont tranchants, profonds, et nous changent de la guerre. Les mélodies lourdes collent bien aux thèmes exploités et la grogne est intelligemment dissimulée. Ce que "Master" et "Ride" n'arrivaient pas toujours à faire.

"...And Justice" est un album à part entière dans la disco des Américains. Rien ne nous préparait à de tels déchaînements envers l'establishment, et rien n'a pu emboîter le pas à cette création particulière. Pas même le "Black Album", plus fourre-tout et populaire. Le pont parfait, vous dis-je.

"...And Justice" revendique le titre d'album #1 de METALLICA depuis trop longtemps. Son approche ardue, sa facture aride, en sont les raisons principales, mais dès qu'on est entré dans le palais de justice et qu'on revêt nos atours d'avocat du diable, on ne veut plus en ressortir.