Un an plus tard… Après un "Kill ’Em All" inventif mais médiocre, METALLICA sort l’un de ses rares grands albums. La production est plus heavy et les compositions sont plus solides. Hetfield ne chante plus comme un goret à l’abattoir et les riffs ont enfin de la consistance. Surtout, le groupe use et abuse d’un petit gimmick raffiné qui vient pervertir l’essence originelle du Thrash : la mélodie ! On entend ici des petits bouts de ritournelles (le début de "Fight Fire With Fire") qui vont permettre de gagner le cœur des midinettes et d’ouvrir les portes du grand public. En un sens – mais ça fait du bien aux oreilles – ce disque est déjà une trahison.

Bon, on ne va pas chipoter non plus, car il y a ici quelques gros clients : "Fade To Black", la power-ballade (car c’en est une !) préférée de ceux qui croient aimer le Thrash mais devraient plutôt écouter Scorpions, et "Creeping Death" et son intro fracassante… Sans oublier les deux monstres cataclysmiques que sont "The Call Of Ktulu" (le début du virage Prog) et surtout "For Whom The Bell Tolls". Celle-là est énorme. Épique, magique et désespérée, elle est à classer haut la main et sans aucune contestation possible parmi les deux ou trois meilleures chansons du groupe. Le reste fait pâle figure à côté, notamment ces "Trapped Under Ice" et "Escape" (au refrain digne d’un mauvais disque de POISON) un peu honteux, dont tout le monde se contrefiche mais fait semblant d’écouter.

Bref, en 1984 on passe aux choses sérieuses. Cet album-là n’est pas parfait, mais justifie très largement le culte voué à METALLICA. C’est celui qu’il faut écouter en priorité, tant il résume bien ce qui faisait il y a bien longtemps la grandeur du groupe. Est-ce leur meilleur ? Non. Car depuis 1988, un monstre terrible et rugissant demeure pour l’éternité au dessus du lot.