PESTE NOIRE, renouveau du Black Metal, fer de lance du Black français, et autres arguments dithyrambiques. On m'avait vendu ce disque comme un chef-d'œuvre. Mais j'ai tendance à me méfier du chauvinisme, d'autant plus que, ayant écouté quelques démos, je m'attendais à un son dégueulasse. Bref, un truc de trve, français (ça fait plaisir au niveau des textes), donc pas facilement dénigrable.

Et pourtant. Et pourtant quelle ne fut pas ma surprise, en découvrant un album magnifique à tout point de vue. Et je pèse mes mots. Un son non seulement propre (pour du Black s'entend), mais surtout extrêmement approprié : ce qui doit ressortir ressort, j'ai rarement entendu un mixage, une production, aussi adaptés. Une prod' qui met particulièrement en valeur le talent de Famine (même si le batteur n'est pas en reste). Parce qu'on dira ce qu'on voudra de Famine (un sacré personnage, c'est certain, lisez donc une interview ou deux pour vous marrer, ça change), on ne peut lui retirer son énorme talent.

Guitaristique tout d'abord : généralement, dans le Black, on voit peu de soli, les gratteux savent tout juste tenir leur instrument du bon côté (je caricature, bien entendu). Mais là, le mec, on peut dire qu'il sait ce qu'il fait : les soli sont rapides, fluides, plutôt techniques (sweep, tapping, tout y passe... avec toujours cette maîtrise du rythme, ce feeling épatant), et surtout magnifiques (j'aime en particulier la guitare solo de "Nous Sommes Fanés", qui met direct dans l'ambiance. Et puis ça m'évoque un peu un oiseau (charognard, bien entendu), cette façon qu'a la guitare de se poser, s'envoler, en accord avec les percus. Difficile à expliquer, et ridicule, mais on ne choisit pas ce que nous évoque une musique). On est donc loin d'avoir un manche à la 6 cordes, et c'est agréable d'avoir quelqu'un qui sait ce qu'il peut tirer de son instrument.

Un talent guitaristique donc, mais également un don incroyable pour la composition. Rarement ais-je entendu d'aussi belles parties de guitare ("Laus Tibi Domine" ... quelle beauté !), solis comme "riffs" (concept très peu Black en soi), parties accompagnées d'une batterie en osmose totale, ainsi que de vocaux sales mais tellement appropriés (avec quelques touches de claviers... bon, on ne se refait pas). Oh, c'est bien entendu très subjectif, Famine affirmant lui-même trouver le beau dans le laid (très Baudelairien dans l'esprit ; Baudelaire, poète dont il réutilisera les textes dans "Le Mort Joyeux" et "Spleen"). Mais, pour ma part, les solos, les riffs, la voix ... tous les morceaux ont touché mon âme sans exception. Du grand génie. Du coup, on ne s'ennuie à aucun moment. Aucun morceau ne comporte de longueurs. Et puis les soli... Une bonne grosse couche de Heavy qui se marie à ravir avec un Black crade, mais beau.

En un mot comme un cent, splendide. Passer à côté de cet album, c'est passer à côté d'un disque qui devient mon nouveau mètre-étalon en terme de Black. Je suis peut-être difficile, et pour certain, ça sera osé. Mais mon dernier coup de cœur de cette ampleur, c'est "Anthems To The Welkin At Dusk" de vous-savez-qui. Un avis que je partage avec moi-même, et qui peut paraître démesuré. Mais préparez-vous à un choc. Si vous pensez avoir tout entendu dans le Black, eh bien préparez-vous à changer d'avis.