Dès les premières notes, « Ashes against the grain », vous aspire dans un autre monde. Telle la loi universelle de la gravitation, il vous embarque inéluctablement vers un ailleurs improbable. Il possède ce pouvoir attractif implacable, cette étrange alchimie faite à la fois de puissance et de douceur, de riffs lourds et de mélodies acoustiques, d'arpèges séduisants et envoûtants.

AGALLOCH a réussi là le sans-faute quasiment parfait, en affirmant un style original et inspiré bien à lui, qui fait mouche à chaque fois. La musique est simple et immédiate, mais terriblement accrocheuse. Puisant largement son inspiration dans les racines d'un doom sublimé, elle se présente ici sous des atours largement accessibles, terme qu'il faut interpréter ici dans le bon sens du terme. Le seul reproche que l'on pourrait émettre concerne les vocaux vaguement blacks quelque peu faméliques qui ressemblent parfois trop au râle d'un asthmatique agonisant. Mais cela n'est vraiment qu'un reproche mineur, face à ces longues plages planantes qui vous emmènent sur d'autres versants de la réalité, parfois tragiques, parfois atmosphériques.

La phase finale de ce chef-d'œuvre, que certains n'apprécient pas, trouve son aboutissement dans une vision dantesque qui vous fait assister aux rugissements d'une terre en révolution dont les entrailles vomissent des fleuves de lave en fusion. Là, le spectacle qui s'offre à vous est sans pareil. La nuit profonde est illuminée par des gerbes incandescentes, des projections de magma en fusion, des nuages de gaz toxiques... Alors que des tremblements de terre secouent ce chaos protéiforme, le voyage s'achève au dernier cercle de l'enfer...

Une œuvre rare, une œuvre unique, qu'il faut absolument connaître.