Que pouvait-on reprocher à "Roots Thunder", premier long format de KATAXU ? Le manque de patine de claviers sévèrement budgétés, une distribution à peu près inexistante, une pochette trop systématique ne rendant pas justice au contenu musical de l’œuvre.
L’espoir est évidemment grand de voir le premier véritable album du groupe dépasser les sommets du premier opus (que l’on qualifiera de demo) et franchir la voûte céleste. Qui dit premier album dit production plus élégante et distribution décente. Et lorsqu’on zieute la pochette de "Hunger Of Elements", on se dit que le disque risque bien de frôler l’intouchable perfection. Un ciel étoilé au caractère orageux lacéré d’éclairs d’une teinte cosmique, une croix inversée brillant en son centre d’un vif éclat. La haine, le génie, la violence, l’espace infini, l’indicible mystère. Aucun ingrédient ne manque, il suffit dès lors de respecter le dosage et de faire preuve d’un minimum de doigté dans la préparation. On aurait envie de crier victoire d’avance tant cela s’annonce bien.

Un doigt dans la tambouille, le mets semble succulent. L’arpège de commencement nous plonge dans un sain décor nocturne et sinistre. Mais la saturation déboule vite, très vite. Quand il fallut de nombreuses minutes à "Roots Thunder" avant de dévoiler le charme de ses cordes distordues, "Hunger Of Elements" ne nous fait pas patienter plus de 50 secondes. Et les guitares apportent avec elles une classique batterie vindicative et des claviers particulièrement envahissants. Envahissants, ils l’étaient déjà sur "Roots Thunder", ils dirigeaient même l’orchestre avec poigne et savoir-faire. "In my dungeon!" semble proposer un chemin moins sinueux que le disque de 2000. Tous les instruments se ruent sur une voie droite élargie, sujette à de nombreux excès de vitesse. Et durant 13 minutes, un flot de haine se déverse dans des esgourdes qui escomptaient peut-être plus de finesse dans le discours. Les ambiances se chevauchent, parfois sidérales, toujours malsaines mais moins qu’auparavant et surtout, l’assise du morceau est lourde et pèse sur une écoute que l’on aurait voulu plus aérée.

"In arms of the astral world" rappelle la prédisposition instrumentale du duo polonais mais son absence de dynamique et son climat fort peu évocateur déçoivent. KATAXU aurait-il perdu son talent en chemin pour aller signer son premier contrat de disque ?
Si "Nightsky" ne fait guère meilleure impression qu’"In arms of the astral world", sa durée risque franchement de faire fuir les foules. Et "The manifesto of the unity" ? Voir "In my dungeon!". Et "The breath of Atlantis" ? Voir "In arms of the astral world", mais en mieux. Et comme j’ai oublié de parler de "Below the tree of life", vous écouterez par vous-mêmes.

A la lecture de cette chronique, le soufflé KATAXU semble retombé et avoir bien dégueulassé le four. Pas du tout. Mais j’aurais aimé une montée vers les cieux et j’assiste à un atterrissage en douceur. Ma déception est immense car j’attendais bêtement trop. Alors, pour celui qui ne connaît pas "Roots Thunder", l’écoute de cette galette s'avèrera probablement succulente. Pour les autres, un léger désappointement pourrait surgir même si "Elements Of Hunger" surclasse encore nombre de ses concurrents affalés dans le sofa de la médiocrité. Un tel talent ne pouvait s’évaporer aussi vite.
Et puis, à force de réécouter l’album, je me sens comme une envie de réviser mon jugement. Bref, tout cela est soit bon, soit très bon et finissons-en avec ce texte.