Il faut reconnaître que le nom de l’opus ne ment pas sur la marchandise : les GUNS sont de fieffés menteurs, à plus d’un titre. Un an seulement après la bombe "Appetite For Destruction" et pressés par Geffen de battre le fer tant qu’il était chaud et d’occuper le terrain médiatique et dans les charts, les voici déjà de retour avec "Gn'r Lies", présenté comme le successeur attendu de leur essai séminal. Et force est de constater que le compte n’y est pas.

Menteurs, donc, car cet album n’en est pas un, mais plutôt une compilation de deux EP, un premier enregistré "live" avant la reconnaissance et devenu introuvable, et un second acoustique. Sauf que le "Live ?!*@ Like A Suicide" n’est pas un véritablement enregistrement en concert, mais plus une prise unique en studio, la clameur du public étant rajoutée artificiellement au bousin.

Menteurs également, car l’opus comprend deux reprises, l’une d’AEROSMITH l’autre de ROSE TATTOO, deux des idoles des Gunners (les Toxic twins pour Slash et les Australiens pour Axl), ce qui nous laisse donc cinq chansons originales, "You’re Crazy" n’étant qu’une déclinaison unplugged d’un des morceau de "Appetite...", ce qui fait bien peu pour ce qui est alors présenté comme un LP. Menteurs donc, mais aussi feignants.

Menteurs également lorsqu’ils présentent les textes de "One In A Million" comme non controversés, alors qu’ils sont clairement racistes et homophobes. Dommage, car la composition est peut-être la meilleure des cinq, intrinsèquement, même si la balade "Patience" et la faussement joyeuse-mais-cynique "Used To Love Her" aux relents Country (qui parle de l’euthanasie de la chienne d’Axl mais prête à une double interprétation douteuse) sont également réussies. À noter que cette dernière, loin d’être aussi récente qu’affirmé à l'époque, figurait en B-side de certaines éditions de "Paradise City".

Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là peut-être du dernier testament réel de ce qui faisait alors la force du combo : l’instinct, la complémentarité, et un talent individuel au-delà de tout soupçon, que l’on ressent notamment sur les pistes plus électriques à travers les jeux de Slash et Izzy, toujours aussi entremêlés et complémentaires. Si ces titres ne s’avèrent pas inoubliables, loin de là, ils conservent une urgence qui sera bien absente du reste de la discographie à venir.

La suite, bien qu’intéressante par bien des aspects, sera en effet partiellement gâchée par la mégalomanie d’un chanteur ingérable et de productions de plus en plus dispendieuses et arrogantes et aboutira à l’explosion en vol d’un groupe à nulle autre pareille.

Balancé à ses hordes de fans en mode balek, "Gn'r Lies" témoigne épisodiquement du brio d’une bande de sales gosses désabusés et drogués jusqu’à l’os.

Note réelle : 2,5/5.