En 2009, Kyrck Productions & Armour eut l’ingénieuse idée, en lisant la chronique de Possopo, de remastériser la démo sortie jusqu’alors en format cassette avec un enregistrement qui laissait à désirer, il est vrai. Et on ne peut qu’admirer le beau travail accompli pour redonner vie à la toute première œuvre de ULVER et d’y percevoir très nettement le futur "Kveldssanger" dans le titre "Trollskogen", avec la très belle guitare acoustique de Haavard (Håvard Jørgensen), mais également d’entendre quelques riffs semblables à ceux d’un des hymnes de "Nattens Madrigal - Aatte Hymne Til Ulven I Manden" – le premier pour être plus exact ("Hymn I - Of Wolf And Fear") – au sein du titre "Ulverytternes Kamp". Mais également d’entendre les accointances avec les copains de MYSTICUM avec le titre "Nattens Madrigal" (tiens tiens !).

Bref, vous l’aurez compris, "Vargnatt" (= "la nuit du loup") n’est pas un pâle brouillon pour les chefs-d’œuvre à venir, mais bien cette pouponnière incroyable où baignent des montagnes d’idées et d’expérimentations possibles de la part d’un groupe qui refuse tout compromis et met son ingéniosité au service de la musique… dont ils écrivent – sous leurs propres yeux – une page essentielle pour le Metal extrême. Nous avons le plaisir d’y entendre la guitare rythmique du regretté Grellmund et les incantations déjà très spéciales de Garm.

Les textes sont en partie écrits en norvégien archaïque par l’auteur Jørn Henrik Sværen, qui collaborera régulièrement par la suite à l’aventure ULVER, et baignent dans un imaginaire folklorique influencé par les contes nordiques et la littérature romantique. Les ambiances polymorphes sur ce "Vargnatt" nous embarquent au plus profond de la nature noire de la Norvège, peuplée de cris lointains, ancestraux et primitifs, provenant de forêts inquiétantes, et déchirant des nappes de brumes lugubres ; dont les riffs glacials sont la parfaite expression. Il y a quelque chose de "paysager" dans cette première démo, et qui préfigure aussi ce que la scène norvégienne s’accaparera par la suite en termes de poésie et de fureur.

Note réelle : 3,5/5.