Si vous vous demandez quelle est la source d’inspiration de groupes comme MUNICIPAL WASTE, NUCLEAR ASSAULT peut être un bon point de départ pour vos recherches. Oublié depuis des éons, cette formation qui a accueilli en son sein Dan Lilker (ex-ANTHRAX et futur BRUTAL TRUTH) s’inspirait du Punk Hardcore pour donner un aspect plus radical à sa musique, bien que trop outrageusement Thrash pour être qualifié pleinement de Crossover, même si de nombreux plans s’y réfèrent. Après deux disques de (très) bonne facture, les New Yorkais reviennent au charbon avec cet "Handle With Care" qui sort en octobre 1989. Peut-être un brin précipité parce qu’ici les musiciens reprennent peu ou prou la même formule de "Survive", le précédent opus de 1988.

Alors non, ce n’est pas mauvais. Enfin, quelqu’un qui a apprécié les deux premiers albums de la formation s’y retrouvera sans problème, Connelly braille toujours aussi délicieusement bien, une véritable empreinte vocale qui enrichit le propos du groupe. "Survive" avait fait un pas en avant dans la surenchère de la violence sonore, mais "Handle With Care" ne se veut ni plus ni moins virulent. Nous restons dans le même domaine applicable de déflagration. C’est juste qu’il n’y a plus vraiment de surprises, ou alors elle est d’un goût un peu douteux ("Funky Noise").

Sinon, globalement, la recette reste la même : Glenn Evans tabasse tout ce qu’il peut, Lilker pose une basse atomique sur l’ensemble, Anthony Bramante reste le gars qu’on oublie toujours de citer quand on parle de NUCLEAR ASSAULT et John Connelly demeure le chanteur idéal pour cette formation, voire du Thrash, avec son timbre aigu qui fonctionne à merveille sur les parties les plus rapides comme sur les moments où la musique se pose quelque peu. On retrouve un petit intermède Grindcore sans concession ("Mother Day’s". Vous pouvez essayer de l’envoyer à vos mères lors de leur fête ; si vous n’avez pas de réponse, soit elles n’ont pas réussi à ouvrir le fichier, soit elles vous connaissent assez pour ne jamais rien ouvrir de ce que vous envoyez, soit il ne reste plus qu’à espérer qu’elles aient une bonne couverture obsèques) ainsi que cette volonté de se montrer jusqu'au-boutiste dans le style.

On sent toutefois que la logique d’écriture reste la même que pour "Survive" ("F# (Wake Up)" qui renvoie au "F#" de l’opus précédent). De très bons morceaux ne tardent pas à pointer le bout de leur riff ("New Song", "Critical Mass", "Inherited Hell"…) et le groupe se réessaye à un morceau un peu plus long, plus mélodique avec "Trail Of Tears", plutôt réussi. Après, il faut aimer ce genre de musique très rectiligne, ce tabassage en règle qui ne laisse pas trop le temps de souffler. Cela dure heureusement moins de trente-cinq minutes, une durée idéale pour ce genre de disque qui semble sprinter du début à la fin avec très peu de temps de respiration.

Forcément, après "Survive", "Handle With Care" fait un peu redite, mais la qualité reste au rendez-vous, avec très peu de déchet. Le disque n’est pas exempt de moments de moins bien ("Emergency" est un peu inutile et manque quelque peu de fond), mais cela reste dans l’ensemble très bien fait et intelligent. Il va toutefois se heurter à une concurrence assez rude en cette année 1989 et ne connaîtra pas la carrière qu’il aurait mérité. Et malheureusement, pour ma part, cela reste le dernier album référentiel du groupe qui globalement ne va pas entamer de façon optimale les années 90.