Dans le cadre de notre campagne de recrutement, voici la chronique (retouchée) de l'un des candidats, WRATH, que nous n’avons pas pu retenir. En guise de remerciement pour sa participation, nous publions en kro express son papier le nouvel album d’ADX.


Plus de vingt ans après leurs premiers succès (Exécution, La Terreur et Suprématie), ADX fait maintenant partie des légendes du Metal français. Il leur a fallu dix ans après leur dernier opus, Résurrection et sept ans après leur album live VIII Sentence pour enfin rassasier leurs fans avec un nouvel album studio (le groupe s’étant reformé en 2006). Deux changements dans le line-up sont à noter : d’abord, Deuch à la basse depuis des lustres, Yves « Louis XV » et Marquis à la guitare dans Résurrection sont remplacés par Betov, effectuant un retour depuis Weird Visions ; puis B.Y. à la guitare et KLOD à la basse.

Avec ses deux splits et moult reformations au cours de sa carrière, les fans ont l’impression, après chaque sortie d’un album de ADX, que ce sera le dernier ou que les membres se sépareront encore et encore. Avec cet opus, cette impression est encore présente puisque le groupe semble l’avoir soigneusement préparé, avec une qualité sonore exceptionnelle. Les attentes pour Division Blindée sont naturellement élevées, mais on ne peut que constater que le groupe a fait son possible pour satisfaire ses fans et faire taire ses détracteurs.

Alors, l’album… D’abord, une particularité saute aux yeux dans cet opus. Contrairement aux albums des années 80, celui-ci possède une introduction et une conclusion (« Avant l’assaut » et « Vestige d’un chaos ») qui nous fait comprendre que Division Blindée est un album-concept guerrier mais sans s’éloigner de ses textes plus fantastiques. L’introduction très calme (le calme avant la tempête), avec piano sous fond de sons d’animaux et d’orchestre symphonique, on se dit qu’ADX y a mis le paquet pour impressionner la galerie et on peut presque prévoir ce qui suit.

« La gloire de Dieu » débute avec un riff efficace et une rythmique rapide qui rappelle « Caligula » dans Exécution. Le break, le solo et le pont annonçant la fin du titre sont accrocheurs sans, toutefois, lasser l’auditeur. Très bon début d’album et une chanson mémorable! « Les stratèges » est un morceau sympathique, mais le refrain ne convainc pas vraiment, contrairement au pont précédant le solo. Le thème de la guerre est central dans ce titre comme sur la prochaine piste.

La chanson-titre est agréablement surprenante avec son accélération soudaine au milieu de la piste, le pont de guitares rappelant HELLOWEEN et son refrain rassembleur.
Avec « Mary la sanglante », ADX nous introduit dans son monde fantastique durant deux plages. Elle débute avec un solo bien inspiré et change radicalement de rythme, allant du mid-tempo au speed, montrant une quête expérimentale assez bien réussie. « Lycanthropie » nous attaque de son riff acéré, de son intro bestiale et de sa vitesse, propre à ADX. Il est plus anecdotique par son refrain et sa ressemblance à d’autres titres comme « Les stratèges » (vous vous en souvenez?).

« Poison d’État » revient dans le thème guerre-politique par sa critique du despotisme monarchique qu’on peut retrouver dans La Terreur. Encore une fois, une envolée de vitesse non-retenue, comme si le groupe se serait libéré de ses chaines, du rythme et du solo. Cependant, « Mary la sanglante » en est déjà caractérisée, manque d’inspiration apparent, mais le titre est bon dans l’ensemble. Changement de rythme, ralentissement, dans « La parodie de fou » qui n’offre pas un riff très accrocheur comparativement aux autres titres de l’album, auxquels ADX nous a rapidement habitués. Première déception de l’album.

« Souvenir de Gambai » est un titre plus intéressant de par son riff plus inspiré et par sa rythmique assez intéressante. Cependant, le refrain est peu accrocheur et on ne comprend pas où le groupe veut nous emmener, finissant par lasser. « Livide », titre aussi bon, sinon meilleur, que la chanson-titre et que « À la gloire de Dieu ». Chanson avec une ambiance inquiétante, un riff simple mais efficace, un solo anthologique et des changements de rythmes intéressants. Ce titre est tout sauf livide! Il est agressif et confiant, avec un final teinté de guitares folles laissant place à Phil seul dans le noir (on le devine).

« Dernière morsure », dernière chanson avant la conclusion, est un titre très long pour du ADX des années 80 (mais qui maintenant semble plus normal). La piste se veut plus expérimentale. La fin du titre est laissée à un orateur qui nous entraîne vers la sortie du manège. « Vestige d’un chaos » est un court instrumental où les guitares s’en donnent à cœur joie et semble nous dire : « à la prochaine, espérons-le ».

Fin d’un périple, cet album-concept nous en donne l’impression de par sa complexité, son efficacité, son inspiration et sa volonté de convaincre, même s’il déçoit quelque peu en milieu de parcours, comme si le train aurait eu quelque contretemps. Notons bien l’arrivée de deux ou trois chansons qui se démarquent, qu’on peut qualifier de classiques du groupe: « À la gloire de Dieu », « Division Blindée » et « Livide ». D’autres comme « La parodie de fou » ou « Souvenir de Gambai » ne convainquent pas et se dressent comme un obstacle à la fluidité de l’album.


Dans l’ensemble un bon album, offrant son lot de bonnes surprises, qui fait apprécier le voyage de l’auditeur, qui ravira les fans du groupe et leur fera scander « On en veut d’autres ! ».