La troupe de Michael Romeo revient quelque peu bouleversée en ce nouveau millénaire. Si elle a certes récupéré son batteur Jason Rullo, elle doit faire face au départ de l'énigmatique Thomas Miller, l'autre contributeur majoritaire avec Michael Romeo, et qui participait beaucoup au côté parfois quasi mystique des textes, en particulier sur "Twilight In Olympus", un album au demi-échec (même si je l'aime toujours beaucoup), qui aura contribué à son départ de la formation américaine (même si à la base c'est son refus de partir en tournée qui a eu raison de sa place dans le groupe) qui avec Mike LePond se retrouve avec trois Michael dans son effectif.

Mais le plus important c'est surtout la qualité de cette épopée conceptuelle qu'est "V". Dès l'introduction la patte néoclassique est très clairement mise en avant, et l'ombre de MOZART planera encore notamment quand il incorpore le "Lacrimosa" de son "Requiem" à son "Death Of Balance". Michael Romeo est encore une fois un pourvoyeur de riffs tortueux et virtuoses et signe dès "Evolution" un pur concentré de Power Prog, sur lequel chacun a le loisir de se distinguer, notamment Russell Allen qui à l'époque pratique encore un chant très clair mais déjà sacrément identifiable ; à cet égard le pont est une belle démonstration des capacités vocales du colosse. Il épate par son talent d'interprétation, offensif sur "A Fool's Paradise", gentleman (à défaut d'un terme plus approprié) sur l'admirablement construit "Communion And The Oracle".

SYMPHONY X ne renie à aucun moment son identité mais montre un talent certain pour diversifier ses sonorités, histoire de s'éloigner de l'ombre déjà imposante d'un "Divine Wings Of Tragedy" qui a mis tout le monde d'accord. L'aspect classique est comme je le disais, assez développé, sans pour autant que le groupe ne semble basculer dans le symphonique. Il a toujours l'art de structurer sa musique de manière à installer des ambiances particulières.

Après, SYMPHONY X sait se faire efficace mais propose une musique qui aime prendre des chemins de traverse ("Rediscovery Pt.2" est à cet égard une démonstration de maîtrise), et la poursuite de son concept n'en fait pas forcément l'album le plus direct des Américains (comme l'était son prédécesseur), mais il représente un nouvel accomplissement pour le groupe, qui proposera avec "The Odyssey" une approche encore différente.