La frange teutonne du folk metal, c'est un peu comme la frange Emo : tous les jeunes s'en font une, mais aucun n'a la classe avec.

La multiplication excessive des groupes voulant faire pareil que SUBWAY TO SALLY et IN EXTREMO n'avait pas encore envahi les rayons de Massacre Records.
Voilà qui est désormais fait. Le label a même carrément libellé la promotion de NACHTGESHREI (son beau poulain) avec un complément d'adresse mentionnant les deux groupes (même le premier, ce qui prouve qu'il ne vise vraiment QUE les allemands, ou presque, car STS, à part moi, tout le monde s'en branle en France).

Le label n'étant pas spécialement gage de qualité pour moi, et la prolifération de ses joyeux lurons à la turlupinerie facile m'énervant plus qu'autre chose, j'appréhendais avec un scepticisme maximum ce Hoffnungsschimer, album au titre imprononçable qui à première vue se dévoile comme un mélange basique des deux groupes cités en haut, d'une touche bretonnisante, et évoquant forcément des CORVUS CORAX, POETA MAGICA, PATRASK et toute cette pelleté de groupes médiévaux avec des instruments qui font trop de bruits pour être joués dans un appart.

Après quelques écoutes, les nouveaux trouvères du pays d'Anna Varney (vous croyez que ce sera un jour reconnu comme tel ?) m'ont convaincu, non pas de leur bonne foi (ça j'en doute toujours), mais au moins de leur savoir faire. Perdu entre Bannkreis de STS et Sieben d'IN EXTREMO, ne dépassant pas la qualité du premier, et allant bien au-delà de celle du second, Hoffnungsschimer m'offre l'opportunité de dire de nouveau du bien de la scène allemande.

Car ici, on se régale. NACHTGESHREI ne se rétame pas dans le gimmick festo-foireux en forme d'ambiance d'auberge méga-pompeuse, mais parvient à utiliser les instruments à vents (la cornemuse en particulier) dans toute leurs noblesses, à base de mélodies puissantes, certaines salées à l'air marin, d'autres plus dansantes. A grand renfort de rythmes très minutieusement calibrés et d'une extraordinaire variété, et enfin une lead guitare qui sait pointer le bout de son nez au moment où il faut.
Du bon riff dans un album de la sorte, j'en avais pas entendu depuis un temps. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus inspiré, ni des plus pertinent, mais l'on retrouve une vraie couleur heavy metal, qui se découvre un peu plus à chaque écoute.

« Räuber Der Nacht » me fait autant d'effet que le « Sieben » de STS, c'est dire !
« Windstill » me donne autant de force qu' « Omnia Sol Temperat » d'IN EXTREMO, c'est redire !

Et j'ajoute un bon point de plus pour « Die Flügel », qui oscille entre ballade sentencieuse et marche guerrière. « Das Spiel » et « Der Meister » sont dignes des plus beaux actes de pirateries (D'ailleurs rien à voir, mais c'est le genre d'instrumentation que j'attendais sur le dernier ALESTORM). « Wuetis » est sans doute d'instrumental épique le plus pertinent que j'ai entendu dans un album du genre (parce qu'en général, les instrumentaux, on passe un peu).

Difficile de décrire les mélodies telle que je la ressens. Je dirais « démentes »... mais est-ce suffisant ? Festives ? Ah, ça non... ou du moins, pas uniquement ! La pochette montre assez bien le sentiment général que l'on a à l'écoute du cd. Quelque chose de crépusculaire, utilisant les instruments à vents à pleine puissance mais aussi à pleine mélodie.

Avec la voix d'Eric Fish, cet album aurait été l'un des meilleurs de SUBWAY TO SALLY, pour sûr !
Mais Eric Fish n'est pas au micro, et il faudra se faire à ce timbre sec, si limité et si peu profond du chanteur, nous rappelant le très moyen SALTATIO MORTIS (et on s'en serait bien passé). On s'y fait au bout d'un moment. Je l'ai dit et je le répète : les compos défoncent.


Un album qu'on dira standard, mais qui cache quelques richesses de ci de là. Assez pour nous distraire, avoir le sourire qui branle, un peu de volonté dans le bagage, et une bonne dose de peps dans les oreilles.
Si la patte boiteuse du canard restera un chant pas vraiment top, les parties instrumentales et une utilisation jouissive de la cornemuse ne pourra que ravir les fans du genre. Tout ne sera qu'une question de « j'accepte la voix » pour les autres.

L'album folk metal de la rentrée, qui ne pète pas plus haut que son cul et se révèle bien plus prenant que les derniers albums respectifs des deux leaders de la scène.