Parce que 2009, c'est dans quelques jours, je n'ai pas envie de laisser se terminer 2008 et me barrer vider bières et Gewurztraminer vendanges tardives et m'emplir la panse avec plaisir sans vous mettre au courant de ''The Malediction Fields'' des Anglais de FEN. Alors que je découvrais en début d'année A FOREST OF STARS et penser terminer celle-ci avec WINTERFYLLETH, ben non, les zanglish cartonnent cette année en matière de Black poétique. FEN déboule et fait donc très très mal avec son Black Metal (en est-ce vraiment en fin de compte ?) atmosphérique et « heathen » mêle de « Post-Rock », qui permettra aux âmes embrumées par les alcools de fin d'année de passer de long et doux moments planants, spirituels et magnifiques... ''The Malediction Fields'' est un véritable chef-d'œuvre et je maudis et méprise tous ces mous du bulbe incapables de dénicher plus de deux disques excellents par an – j'en ai trouvé une vingtaine ! Bref, FEN, si vous me lisez, vous feriez mieux de vous le procurer vite-fait : à l'heure où vous lirez ces lignes, son label aura peut-être terminer la promo et la belle galette sera donc sortie – pressée par l'excellent label Code666.

Déjà, FEN avait alerté les oreilles des « maniacs » de l'underground avec un E.P et une démo peu après la fondation de la formation. On s'était dit : « oulà, s'ils continuent comme cela, ces petits vont nous balancer un truc gigantesque ». Et l'on a eu le nez creux, car, je me répète, ''The Malediction Fields'' possèdent des ambiances fascinantes et une atmosphère cotonneuse et sublime, sans être glaciale ni trop mélancolique (on reconnaîtra à ces caractères sentimentaux les racines, présentes mais pas omniprésentes, du Black Metal – il est ici lyrique et romantique – et étrangement, parfois, il me fait penser à l'occulte NEHËMAH). FEN s'impose ici en maître d'œuvre à côté duquel personne ne pourra passer si tant est qu'il s'intéresse à ce genre, sinon à ce style de metal extrême. On est très loin du satanisme et des ténèbres épaisses – on est plutôt dans le majestueux divin, dans la glorification de la nostalgie de l'Âge d'Or tolkiennien et de la nature non anthropomorphisée. Une mode popularisée, victime de son succès, par les maîtres WOLVES IN THE THRONE ROOM...

Avec ''The Malediction Fields'', FEN ne plonge pas dans le Black Metal à pieds joints, laissant éclater sa fureur dans ses pleurs : non, FEN produit ici un opus où la tristesse et la mélancolie douceâtres sont porteurs d'espoir. C'est idiot, mais c'est l'un des rares disques que j'ai entendu cette année, dans ce style, qui me fasse dire qu'il est Beau et Bon. Mélangeant agréablement un Black Metal adouci par une production charnelle et douce (comme la peau d'une femme, ou comme ses seins), avec une basse ronde et jazzy en fond (je dois tout de suite relever que la production casse la baraque et que le mastering/mixing est divin, un des meilleurs que j'ai jamais entendu) et des nappes de claviers discrètes mais efficaces, FEN rend son metal extrême bien plus spirituel que pas mal de combos en exercice dans ce style. A cela s'ajoutent des guitares tirant vers le progressif et le post-rock et une voix grogneuse sans être hurlante subissant un effet de réverb tout à fait sympathique soutenu de temps en temps par des chœurs clairs bienvenus, et voilà un ''The Malediction Fields'' absolument majestueux – une véritable Œuvre d'Art, à peine méchante, surtout extatique. FEN, c'est ce genre de groupe à qui il ne faut pas beaucoup de temps pour profiter du travail des aînés et qui est capable de suite ou presque, de monter un canevas de titres d'ambiances absolument géniales, conçues par des gens inspirés, talentueux et maîtres de leurs instruments.

Avec FEN, on entre dans un Nouveau Monde. Je ne sais pas si certains d'entre vous ont joué à Earthdawn, mais moi ce disque me fait le même effet. Et il me fait à peu près le même effet que les disques des groupes pré-cités. FEN, c'est vraiment de la haute voltige. Je ne mets pas la note maximum, car dans ce sous-genre atmosphérique qui révolutionne le genre entier, les formations qui naissent se font de plus en plus nombreuses (il faut dire que le Black Atmo, c'est quand même la nouvelle crème) et que ces atmosphères cotonneuses sont assez similaires. Néanmoins, je serais fou d'ignorer le talent inhumain de FEN. Magistral, magnifique et fascinant, ''The Malediction Fields'', m'est avis, va secouer bien des cerveaux embrumés et des coeurs meurtris de nostalgie... Nostalgie de l'inconnu. Fantasme du Paradis Perdu...