Brian « Head » Welch avait surpris tous le monde après son départ de KORN en 2005. Personne n’aurait misé un kopek sur lui. Il quittait « la poule aux œufs d’or » pour se réfugier dans la religion. Absurde voire surréaliste pour nous autres Européens. Pourtant en dehors des remaniements orchestrés par KORN depuis lors, il manque quelque chose à la recette originelle. Les expérimentations hasardeuses du gang de Bakersfield n’ayant pas toujours été de bon aloi. Une fois n’est pas coutume, la surprise vient encore d’où on l’attend le moins. Head offre l’album de Neo Metal que l’on aurait pu attendre de Korn. Ce disque n’est pas exempt de défauts mais là où KORN offre des albums violents et lumineux, à la limite de l’electro, Head va chercher ce qu’il y a de plus sombre en lui. Sans faire de vague, il prouve non seulement son savoir faire mais aussi qu’il était un des prolifiques compositeurs du quintette. Tout ce que Korn a perdu, on le retrouve ici, à fleur de peau, sur ce "Save Me From Myself". Titre qui est également celui de sa biographie officielle.

Le véritable démon de Head, celui qui l’a poussé à quitter KORN a été la drogue. Les tournées et leurs lots d’ennui, la solitude et la pression ont failli avoir raison de sa santé mentale. Son auto éjection devant lui être salutaire. Quatre ans après sa décision, il revient nous assurant qu’il a remis les compteurs à zéro et les pendules à l’heure, que dorénavant il saura apprécier les plaisirs simples de la vie. Il a peaufiné son disque en s’alliant avec des requins de studio aux prestigieux C.V : Josh Freeze (NIN), Trevor Dunn (MR BUNGLE) et Tony Levin (Bowie, King Crimson). Officiant quant à lui au chant et à la guitare en passant par la programmation des synthés et la production. Concernant le chant, il est évident que son inspiration lui vient de son ex comparse Jonathan Davis qui cela dit possède un timbre inimitable. Ainsi, sans atteindre la perfection ni l’ampleur de Davis, Head nous sert en alternance le chant typique hurlé, grogné, clair ou susurré. Dans un registre plus grave et néanmoins mélodique.

Les sujets abordés sur ce disque touchent de près leur géniteur, on y parle de religion, d’enfance, de paternité et de drogue. Une sorte d’instantané de ce qu’est la vie du guitariste ces dernières années.
L’atmosphère générale est plutôt mid tempo et suffocante. Il n’y a sur ce disque aucune surenchère de violence mais une succession d’ambiances plus sombre les unes que les autres. Samples et effets de toutes sortes ornent avec originalité chacun des titres. "Loyalty" et son cri de nourrisson qui se transforme en béguètement de chèvre. "Re-Bel" et sa comptine d’enfant, son piano, son sifflement et ses chœurs masculins. Du KORN d’inspiration pur jus avec "Flush" ou "Adonai" aux fortes similitudes FEAR FACTORIEnnes.
"Save Me From Myself" refrain new wave et "Die Religion Die" plein de rage. Pièces maîtresses de cette galette et démonstration lumineuse de l’investissement humain de Head. On se croirait souvent revenu à l’époque du "Issues" de KORN. Age d’or du Neo. Personne aujourd’hui, surtout les têtes de file du mouvement ne semblent en mesure de reprendre le flambeau. Le déclin du genre n’est un secret pour personne et ce "Save Me From Myself" ne changera pas la donne. Aucun titre ici n’est un single potentiel, loin d’être un gage de qualité une approche "In Your Face" dispensée avec l’ambiance crasse de l’album aurait séduit un auditoire plus large.

Bonne surprise et bon retour pour l’ex-guitariste de KORN avec cet album intimiste. L’ordre logique des choses voudrait qu’il défende son disque sur scène. Espérant qu’il rencontre sur la route des musiciens qui sauront fournir à ses ambitions toutes les qualités qu’elles méritent. Son second disque, en espérant qu’il voit le jour sera à coup sûr plus attendu que celui-ci.

Sinon, aux dernières nouvelles, David Silveria est toujours plein de pognon, donc pas motivé à reprendre les baguettes. Quand on devient millionnaire trop jeune, ce n’est pas bon, croyez moi !!!