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BLACK DÉPRESSIF  |  STUDIO

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SHINING - Within Deep Dark Chambers (2000)
Par MEFISTO le 22 Mai 2009          Consultée 8676 fois

Une grande curiosité plane parmi vous, chers lecteurs, depuis la parution l’an dernier de la kro d’"Halmstad" de SHINING, cinquième volet de la quête de noirceur et de la collection de lames de rasoir de Niklas Kvaforth, l’enfant terrible du Black suédois. Oh, pardon, de Black "suicidaire" nordique…

Curiosité légitime tant ce disque était succulent. Du pur bonbon aux saveurs variées (Classique, Blues, Black, Rock) qui en avait projeté des milliers contre le mur du son. Mais derrière tout grand album, il y en a des petits (habituellement, un minimum variant entre deux et cinq). La même analogie est fort populaire en politique, sauf que le conjoint ou la conjointe a souvent plus d’envergure que le pantin discourtois. Or, SHINING ne traite pas de politique, mais bien de mal-être, de dépression, de folie, d’emprisonnement cérébral, de désir d’en finir. Et comment en témoigne-t-il ? En offrant depuis 2000, date de lancement de "Within Dark Chambers", des œuvres à six ou sept titres à la lourdeur émotive caractéristique.

La recette de Kvaforth est simple sur ce premier opus : «Les mecs, on trouve un riff qui tache et qui fout les jetons et on le copie-colle du début à la fin…» «T’es sûr ? Du début à la fin ?», se questionnent alors les musiciens. «Bon, ok, je vais inclure quelques râlements agressifs parfois, question de reproduire ce que ressent un suicidaire qui gratte les murs de sa chambre de désespoir, les cheveux dans le visage, la bave qui lui coule partout». Ça vous rappelle des trucs que vous avez entendus, ce concept de répétition ? Eh bien, avec ce SHINING, vous serez servi. Exercice exploratoire d’un style plus qu’une réussite à tout crin.

Mais devinez quoi ? Ça fonctionne. Et cela grâce à l’atmosphère procréée par le groupe dès la pièce d’ouverture. Un subtil son de cloche, qui fait inévitablement songer à un enterrement, et on est route pour la descente aux enfers d’un personnage X, appelons-le Pinochet, qui décide que son existence ne vaut pas une balle. Chaque pièce est alors une étape vers le cimetière : du début punché de «Reflecting In Solitude», au milieu de la crise avec «Vita Detestabilis», au passage à l’acte meurtrier symbolique final bien orchestré par les grognements inhumains de Kvaforth. Le festin du malaise se termine avec la magistrale (je n’exagère nullement) sixième plage – si on exclut la septième, cachée – "And Only Silence Remains…"

Je dois insister sur ce morceau, car il représente selon moi la colonne vertébrale de l’album. Pourquoi ? J’ai écrit plus haut que les cinq titres précédents, chargés d’émotions diverses, nous préparent à l’enterrement. Eh bien, "And Only Silence Remains…" est assez évocateur, non ? Bien sûr, elle est bâtie comme les autres, même riff tout au long et plaintes de Kvaforth, mais ces damnées cloches du début tapissent ces lourdes dix minutes en sourdine. Comme visite à l’église, on aura connu plus tranquille ! Véritable paroxysme de l’album, elle déclenche les frissons du plus aguerri, car sa signification est macabre et triste. Ah, ces cloches, elles retentissent encore dès que seul le silence demeure...

Mais bon, passé ce moment de "réjouissance", peut-on s’extasier durant des heures ? Inégal et répétitif à plusieurs endroits, "Within Dark Chambers" a bel et bien les défauts d’un album-cobaye (défauts qui seront malheureusement répétés dans le futur…). Il est certain qu’avec sept titres, difficile d’imaginer où le groupe aurait pu couper, mais les longueurs de "Stonelands" ou "Inisis" peuvent tomber sur le gros nerf si on s’est levé du mauvais pied… Les puristes diront avec raison que cette redondance est essentielle (pensez seulement à DARKSPACE), car elle met l’emphase sur la gravité des sentiments, elle enfonce le clou jusque dans la moelle. Chacun son école.

Mis à part ces faiblesses au niveau de la forme, SHINING I est un bon album qui a drainé assez d’optimisme (ironique si on considère le thème abordé !) pour que les Suédois pactisent davantage avec le diable à une vitesse hallucinante. Pionnière (si peu) d’un style glacial et théâtral, dira-t-on, la bande à Kvaforth voyait dans la case vide Black Dépressif la possibilité de s’inscrire dans le maigre dictionnaire du Metal. Et ce ne sont pas ses performances scéniques qui l’en auront empêchée…

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- Kvarforth (voix, agonie, guitare, claviers)
- Classen (voix)
- Wedebrand (batterie)
- Tusk (basse)


1. Reflecting In Solitude
2. Stonelands
3. Vita Detestabilis
4. Ren Djälva Angest
5. Inisis
6. And Only Silence Remains…



             



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