THYRANE est un groupe de Black/Death Sympho norvégien peu connu, son existence n'ayant duré que huit ans, de 1997 à 2005, année ultime d'où est issu ce très bon album, "Travesty Of Heavenly Essence". Il a connu la "gloire" éphémère en 2000 avec la sortie de son meilleur opus, selon les fans, "The Spirit Of Rebellion". Après un échec total en 2003 avec une espèce de Cyber-Black pourri à la THE KOVENANT période "S.E.T.I.", le groupe n'a pas raté sa chance de se faire pardonner avant de tirer sa révérence.

THYRANE réussit à allier le meilleur du Death Mélo et du Black Sympho avec cette galette, son testament, malheureusement. Se matérialise rapidement un album archi efficace, assimilable dès les premières écoutes. La différence avec le fast-food habituel de ce genre de facture classieuse et pompeuse, est que THYRANE ne se noie pas dans les passages atmosphériques en reniant ses autres forces : les riffs tranchants, la voix grogneuse et les samples. Tout est bien ordonné, dosé, pour offrir une galette à la durée de vie infinie vouant un culte à un antichristianisme farouche. La très farfelue pochette est un bon indice du degré de haine des Finlandais : Jésus lui-même est dépeint comme un clodo et l'approche plutôt cinglante des musiciens est à la hauteur de cette image…

Bon, le tout sonne parfois automatique (la production, bien que très claire, est un peu faible), mais les compos du groupe sont stimulantes au possible. Je compare souvent cet album à un feu roulant difficile à éteindre ; une fois que la machine est actionnée, seul un mur en béton armé pour l'immobiliser ! Il déroule le tapis rouge sang à une vitesse mirobolante, de sorte que les 44 minutes du skeud s'éteignent trop vite. De là l'invention du bouton « rejouer »… Les artifices sont peu nombreux sur "TOHE", pas d'instrumentales, de bridges qui n'en finissent plus, son ADN est celle d'un TGV. Voilà pourquoi il plaît tant à une majorité.

Riffs aiguisés et mélodiques, notes angoissantes et frétillantes au clavier, basse bourdonnante, nous tenons là les instruments préférés du démon. Mais alors qu'on croit tenir au collet un autre sbire infâme de la musique forte, les Finlandais trouvent toujours le moyen de se faufiler dans le piège et de s'en sortir vivants.

"Parasites Of Submission" donne le ton avec un éboulement dynamique, alors que "Decay Of Christian Empire" montre tout de suite une autre facette du groupe : le mid-tempo bien maîtrisé à coup de grattes grasses, magnifié par un esprit Death Mélo omniprésent. Le clavier vient toutefois remettre les pendules à l'heure avec son magnétisme et refait pencher la pièce du côté Black. Cette dualité Death/Black suivra d'ailleurs vos oreilles et vos réflexions tout au long de l'album (aussi à cause de la batterie), mais elle ne saura pas trahir la « céleste essence travestie » du groupe.

Le morceau-titre chassera un peu de ces doutes avec son rythme endiablé et ses échos « Cradle Of Filthien ». Dès que ce troisième chapitre de la découverte se termine, le bain est coulé et fumant. THYRANE enchaîne les tubes aux atmosphères catchy et livre un cocktail parfaitement balancé de guit'/clavier. "Truth Revealed" est particulièrement accrocheuse avec son riff rondelet, puissant et envahissant. Tout comme la médaille d'or de l'album, "Prisoner Of Pain", dont la trame et la ligne de clavier cauchemardesque vous hanteront subito. Cette pièce est tout bonnement géniale et groove dans les brancards !

"Travesty Of Heavenly Essence" se doit évidemment de figurer dans toute collection de Black Sympho même s'il peut tirer un peu trop sur le Death. Le brio de Blastmor et HM aux grattes et au synthé clouent littéralement sur place. Un autre de ces trésors enterrés sous une montagne de formations étoile…