Il y a deux ans de cela, je vous faisais part de ma découverte d'un jeune combo britannique répondant au doux nom de EVILE et qui nous proposait en pleine période « revival Thrash » sa vision du Thrash en 2007. Ce premier effort studio n'avait certes pas marqué son époque, ni même son année de sortie mais avait le mérite de proposer un Thrash Metal old school aux sonorités actuelles efficaces.

Si "Enter The Grave" assumait sans vergogne son mimétisme METALLICAnien, il est clair que "Infected Nations" tente de vouloir se détacher des références du groupe... Je dis bien « tente »...

On note tout d'abord que Rasmussen (géniteurs du son des premiers albums des Four Horsemen) n'est cette fois plus de l'aventure (encore une pseudo excuse à base d'emploi du temps...). Russ Russel (DIMMU BORGIR) a repris les manettes désormais...

Un mot sur l'artwork, sublime, qui n'est pas sans rappeler celui d'un monument du Thrash : "Arise" de SEPULTURA (les deux sont l'œuvre de la même personne, ceci expliquant donc cela !). Mais attention, peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse... Ne nous fions donc pas aux apparences....

Ce qui frappe ensuite, dès les premières écoutes de ce second opus, c'est l'ambiance sonore : cette dernière est devenue beaucoup plus sombre et oppressante. Les riffs sont davantage plombés, plus lourds, plus gras... Cette donnée confère à l'album une homogénéité massive, rendant l'ensemble comparable à un bloc de granite, ultra compact. Neuf titres, très majoritairement autour des 5 minutes de Thrash, sans aucune prise de risque.
Rien de mauvais, rien de transcendant.

Matt a voulu faire évoluer sa voix pour tendre vers un quelque chose de plus personnel mais au final, c'est la sensation de la redondance qui se détache ici. Difficile de s'approprier des morceaux quand on a la sensation de redites quasi constantes. A force de s'enfiler l'heure d'écoute de cet album, il faut bien reconnaître que ce timbre a fini par me gonfler... Pas de variation, pas de subtilité. Juste une façon de s'époumoner quelconque, désarmante de platitude.

Alors oui, pourtant, nos lascars sont toujours de sacrés techniciens : Ol, le frangin de Matt est toujours un mec dégourdi une six cordes à la main (*). Rien à redire de ce côté. Les descentes de manche sont honorables mais sans être franchement transcendantes ("Now Demolition", "Nosophoros", plus sérieuse !). La section rythmique répond présente : Ben Carter ne ménage une nouvelle fois pas ses fûts, en compagnie de Mike Alexander ("Nosophoros").

En une heure, EVILE laisse un constat amer : passer l'épreuve de la seconde galette se révèle toujours aussi problématique. Confirmer le bien que l'on pense de vous, ou disparaître, tel est l'enjeu de cette release... Autant "Enter The Grave" avait laissé transparaître un petit quelque chose, autant "Infected Nations" étouffe le feu naissant, reposant le couvercle sur la marmite... De là à dire que l'on s'emmerde presque... eh bien on aurait sans doute résumé notre histoire...

Note réelle : 1,5/5.

TRISTE NOUVELLE: Mike Alexander, le bassiste du groupe, est décédé dès suite d'une hémorragie cérébrale il y a 3 jours durant la tournée du groupe en compagnie d'AMON AMARTH... Il avait 32 ans... R.I.P.

(*)Schmier de DESTRUCTION vient d'ailleurs de lui proposer le poste de gratteux de service en remplacement de Mike Sifringer, blessé !