Les Hongrois ont une discographie bien peu cohérente. Ce"Tűnő Idő Tárlat" marque le centre de celle-ci, tant par sa position de troisième album (après les deux OVNI jugés presque inécoutables, avant les deux nouveaux beaucoup plus frais et accessibles), que par son caractère unique, qui le classe à part. L'isolé, le mal-aimé... Pour ma part l'incroyable.

J'ai découvert THY CATAFALQUE avec le premier titre de cet album, "Csillagkohó", que j'ai écouté comme on aborderait un film d'horreur dérangeant, avec la même confusion en tête : on se demande d'abord ce que c'est que cette chose, avant d'être fasciné. Si ce n'est dans l'ordre inverse. Les sonorités feraient rapprocher l'album d'un genre de Black Industriel, à cause des rythmiques électroniques et peu naturelles omniprésentes, qui martèlent en fond. Mais on est aussi assailli de chant clair féminin, de riffs typiquement Black Metal, de synthé kitsch, de sons pas toujours identifiables, et de mélodies qui donnent à l'ensemble une ambiance intimiste, de bulle merveilleuse et réconfortante, mais aussi menaçante.

On passe par bien des atmosphères, "Bolygó, Bolyongó" plus accessible et dynamique, l'ultra solennel "Az Õsanya Szól Ivadékaihoz", le presque-tube "Zápor"... Mais la pièce maîtresse reste "Neath Waters (Minden Vízbe Mártott Test)", ce triptyque de presque dix-neuf minutes, qui classe définitivement le groupe dans ces entités hors-norme de la musique extrême, qu'on ne saurait étiqueter autrement qu'avec un ressenti maladroit. THY CATAFALQUE joue, pour moi, du Black mi-aquatique, mi-lunaire. À vous de jouer le jeu.