Autant j'adhère au préambule de Vivi qui fait preuve de recul bien que d'un certain parti pris, autant mon ressenti sur l'album n'est pas tout à fait le même.

Après une intro ("Escape") qui annonce la couleur de l'album et sa grandiloquence, avec tout le mystique qui entoure le groupe et ses symboles, une voix nous annonce - en Français dans le texte - La Nuit Du Chasseur ("Night Of The Hunter") : un tube ! Pourtant on ne peut pas dire que la guitare soit mise en avant, et Vivi a bien raison à ce sujet, elles ont avant tout pour but de tapisser un environnement sonore, à l'image des grands classiques de U2 (Flood et Steve Lillywhite, les deux producteurs n'y étant sûrement pas étrangers). Les claviers et autres séquenceurs se taillent la part du lion et tissent des arrangements plutôt novateurs dans un univers Metal un peu frileux à mélanger ces sonorités pourtant intéressantes à nos chères guitares (à part dans l'indus on est bien d'accord). La batterie a un son tout bonnement énorme, rappelant par bien des aspects Bonzo (l'une des plus grosses influences de Shannon Leto).

Les chansons, car c'est bien de cela qu'il s'agit, s'enchaînent toutes et je recommande chaudement d'écouter l'album d'une traite pour en saisir la quintessence. Car outre sa pléthore de tubes ("Night Of The Hunter", "Kings And Queens", "This Is War", "Hurricane", "Closer To The Edge" et "Search And Destroy") qui représentent tout de même une bonne moitié du disque et qui se caractérisent par des arrangements grandioses et une énergie purement rock, les morceaux de transition comme "100 Suns" ou "Alibi" reposent par leur atmosphères plus intimistes et dépouillées, ils permettent ainsi à l'auditeur de relâcher la tension. Le chant de Jared Leto, malgré des mélodies tout ce qu'il y a de plus pop (dans le bon sens du terme) est empreint d'une certaine urgence, insufflant une grosse dynamique à ses parties chant ; et même si Jared n'a pas encore renié les longues complaintes dépressives ("Stranger In A Strange Land", "Hurricane"), elles ne se taillent plus la part du lion comme c'était le cas sur l'album éponyme et sur la moitié des morceaux d'"A Beautiful Lie". Comment ne pas reprendre avec lui "Night Of The Hunter", le refrain grandiose de "Kings And Queens", hurler comme un damné "it's a braaaaaaaaaave neeeeew woooooooooooooorld" les screamo de "This Is War" et surtout emboîter le pas au Summit, cette horde de fans qui a eu le privilège d'enregistrer des chœurs géants pour ce disque (et croyez-moi, ça fonctionne à mort en concert !).

Le défaut de ce disque, c'est qu'il manque de grosses guitares, et j'espère bien que le prochain sera le disque parfait, mêlant ces arrangements de claviers sophistiqués et de grosses guitares comme on avait plaisir à en trouver sur "Buddha For Mary" ou "Attack!".