La première fois que j'ai jeté mon dévolu sur ce disque, je n'y croyais pas. Je me suis frotté les yeux, frappé la tête trois ou quatre fois sur le mur, vérifié à dix sources différentes pour voir si je n'avais pas la foutue berlue : BLOODTHORN qui officie en Death Metal de cinglé en délaissant le Black épique et déjanté qui l'a fait connaître et aimer auprès de sa petite fanbase.

J'étais en deuil. Oh oui. Je n'ai pas juré, mais j'ai failli. Après tout, c'est pas comme si VADER se mettait au Gothique, mais quand même… BLOODTHORN m'a offert en 1999 l'un de mes albums favoris encore à ce jour, "Onwards Into Battle". Jamais je n'aurais pu croire que sept ans plus tard, ce bel ensemble baroque deviendrait un quatuor de brutes épaisses.

Mais bon… j'aurais dû voir venir le coup. "Under The Reign Of Terror" lorgnait déjà vers un Death purulent et guerrier mélangeant les influences premières de légendes où faucheurs de dragon et roi sans pitié piétinaient l'échiquier planant du groupe, sans nul doute Black Sympho/Atmo. Sans dire que l'album de 2001, le dernier bon du combo, tranchait au point de crier au revirement de situation complet, il laissait présager que BLOODTHORN s'engageait sur une pente raide. On était au tournant du siècle nouveau et le Black Sympho commençait déjà à battre de l'aile, enfin celui qui à jamais a gravé les lettres de noblesse du style dans le marbre. Un peu logique donc que les fans des premiers albums aient sursauté.

Cinq ans plus tard, en 2006, "Genocide" sort et… pouf. Pétard mouillé. Rapide, violent… et alors ? On retrouve trois des marques de commerce du groupe (dont le guitariste seulement n'est plus de l'équipage) : les cordes trempées dans le pétrole où le groove nous fait parfois oublier que les Norvégiens sont devenus tarés, la voix macabre de Krell et cette ambiance morbide sans être exagérée. Des riffs sentant la chair putride comme sur "Blood And Iron", "They Will Arise" et "Sacrificial Slaughter" nous font soupirer de nostalgie, mais les autres ne lèvent pas haut… À part sûrement "Hell On The Eastern Front", plutôt bien rendue et sauvage, avec son intro arabisante et son atmosphère lugubre. Le reste est sans ressenti, que du Metal rebondissant sur du métal.

Comment terminer une carrière en queue de poisson ? BLOODTHORN l'a compris en s'empalant sur son épine avec "Genocide", un titre on ne peut plus collé à sa musique : une grosse destruction sans grande subtilité, du martelage sans fin, des murs de son barbare et cruel où la poésie et la couleur des albums d'antan se sont tirées avec le voisin d'en bas pour fonder une famille en pleine terre hostile. Navrant. Décevant. Quand on ne connaissait pas le groupe et qu'on n'a pas envie de se forcer le derrière, on hurle de joie devant une telle démonstration brutale dénuée d'apparats. Si au contraire BLOODTHORN vous avait marqués dès le début, fuyez à toutes jambes ce ramassis de pièces entendues des millions de fois.

Ah, ce n'est pas si affreux, mais tant qu'à payer avec quatre vingt-cinq cents, j'aime autant sortir un billet d'un dollar $. BLOODTHORN a choisi de se bourrer les poches de monnaie et ainsi peser plus lourd. Il joue ainsi sur nos nerfs pendant 42 minutes jusqu'à ce qu'il s'avachisse sur le bord de la route comme un gros âne vaincu par le soleil. Trop de poids, pas assez de muscles, trop de superficialité, plus assez de cran.

Repu, mais complètement vidé de toute richesse, de toute substance. La preuve: le groupe n'a rien foutu depuis, son site web a été mis à jour la dernière fois en 2007 et putain… on est presque content ! Chacun son tour, messieurs !

Note : 1,5/5.