Rrrhhaahh !! Revoilà BLIND GUARDIAN. On peut dire que les Allemands savent ménager l’attente et le suspens entre chacun de ses albums. Avec cette satanée habitude de proposer quelque chose de neuf tous les quatre ans, on en arrive à vraiment trouver le temps long… Bon, vous me direz, si c’est pour avoir à chaque fois de la première bourre à se mettre dans les oreilles, ça ne serait pas dérangeant. Oui… mais non !

Qu’il est finalement loin le temps d’″Imaginations…″ ou de ″Nightfall…″ car même si de nombreux titres nous renvoient à ces opus, en essayant de nous faire oublier le sympathique mais moyen ″A Twist…″, ils n’en ont pas la substantifique moelle. Car le Gardien Aveugle a excellé par le passé dans une certaine forme de démonstration, certes technique, mais surtout novatrice. Il y avait un temps où chaque nouvel album proposait quelque chose de vraiment neuf en nous emmenant toujours dans des sommets épiques époustouflants. Ici, cette véritable flamme, cette âme personnelle propre à BLIND GUARDIAN, on ne la retrouve que dans le titre d’ouverture et celui de conclusion (″Sacred Worlds″ et ″Wheel Of Time″) : cet ajout d’un véritable orchestre, maintes fois entendu dans d’autres groupes, est ici des plus pertinents et surtout mis en son (comme le souligne Bast dans sa chronique) de manière majestueuse. Car, des groupes jouant aux côtés d’instruments classiques, il y a en eu à la pelle, mais jamais je ne crois avoir entendu une telle production sonore où la symbiose entre Metal et orchestre était si grande. Assurément une grande réussite… « LA » réussite de cet opus et espérons-le, une mise en bouche particulièrement savoureuse avant l’album symphonique dont Hansi Kürsch nous parle depuis des années et qui devrait enfin arriver prochainement (mais que veut dire « prochainement » avec les Allemands ?).

Malheureusement, même si le reste est bon, il ne peut finalement que décevoir un brin tant il paraît fade auprès de ces titres orchestraux… Bast l’a très bien dit, chaque titre (ou presque) nous renvoie à tel ou tel album de l’âge d’or du Gardien Aveugle mais pour ma part, même si je suis satisfait d’écouter de nouveau des titres Speed, presque Thrash par moments (″Tanelorn (Into The Void)″, ″A Voice In The Dark″), ou de voir que la face plus douce et poétique du groupe est toujours là (″Road Of No Release″, ″Curse My Name″, ″War Of The Thrones″), l’ensemble me paraît déséquilibré. On en finit par se dire que si l’ensemble de l’opus avait été composé et interprété dans le même esprit que les deux monstres dont on a parlé, l’album aurait pu être excellent et entrer dans le panthéon des grands albums de BLIND GUARDIAN. Mais ce ne sera cette fois « qu’un » bon album, certes rassurant après ″A Twist…″, sans pour autant rivaliser avec les meilleures productions du combo germanique.