Si vous jetez un œil sur la toile, vous verrez que le nom de YERSINIA est relativement usité pour nommer un groupe. En effet, les homonymes sont nombreux.
Derrière ce terme se cache rien de moins que la bactérie, agent responsable de la peste (Yersinia pestis). Cette pandémie qui n'est plus présente sur notre continent depuis 1920 a largement trouvé sa place dans les sombres heures de l'Histoire de l'Homme...

Tout cela pour faire naître quel type de relation avec ce YERSINIA ? Aucun !!
Il est ici question d'un jeune combo suédois qui nous propose de goûter en V.O (entendez par là dans leur langue maternelle !) à un Metalcore/Postcore burné se faisant l'écho de textes tirés de la littérature et poésie traditionnelle de ce pays scandinave.
Il est évident qu'au premier abord, ce lyrisme ne peut que nous échapper, c'est la raison pour laquelle le groupe a eu la bonne idée de déposer des traductions de leurs textes en anglais sur leur page MySpace.
Histoire de boucler la boucle, le packaging "recyclé" d'un très bel effet (sobre et épuré) se voit adjoindre un mini-livret gorgé de photos toutes droit tirées du parfait petit musée des horreurs du médecin légiste ! Âmes sensibles s'abstenir !

Alors, côté musique et compositions ?
Un premier constat s'impose : une fois de plus, la barrière de la langue est une sacrée fausse excuse pour se dérouter de cet opus. Derrière son titre improbable vu de notre hexagone (et ses contrées francophones qui pourraient nous lire), "Efter Oss Syndafloden" nous démontre que la musique est universelle...
Ouais, je sais, c'est tout pourri comme remarque, mais j'assume. Car YERSINIA ne fait pas dans la simplicité, malgré son jeune âge.
Si on se doit de parler de Metalcore grosso merdo pour étiqueter la bête, on est en droit de prévenir de suite l'auditeur : la construction en prend le look, le chant est toutefois davantage hurlé faisant très souvent penser à du Postcore, avec des gros morceaux de Crust de-ci, de-là, l'ensemble étant totalement hardcorisé pour notre plus grand plaisir. Ne tentez pas de résister à un "Det Vi Gav Till Havet" qui ravage au napalm...
On parle ici d'un terrain escarpé, tantôt rugueux, à vif puis parfois plus lancinant. "Bär Mitt Lik I Guld" pourrait se rapprocher d'un DEVIL SOLD IS SOUL (que je vous recommande d'ailleurs toujours autant !) dans son côté "habité", très post-Hardcore par exemple.
Pourtant, la chanteur prend le pouvoir dès le premier instant sur un chant hurlé/screamo qui vous agresse littéralement mais il est tout à fait capable de moduler sa voix, certains (rares) passages "clairs" sont par la suite présent.
Le groupe maîtrise l'art des breaks et du changement de riffs, rarement pour calmer le jeu pour autant ! On pourrait sans doute se plaindre d'ailleurs à ce sujet, l'album y aurait certainement gagner en consistance. Mais on oublie rapidement cela après l'avalanche de furie dévastatrice d'un "Gör Ett Jävla Hal Här" (mazette !) ou d'un "Hoppas Kräftan Tar Dig" ! Ils sont jeunes, ils affichent une telle dose de maturité et une technique qui fait plaisir à entendre. Je vous parle ici d'un chanteur, d'un bassiste, d'un guitariste et d'un batteur. Point barre. Le line-up "de base" mais quelle puissance !
40 minutes épiques, sèches comme des coups de triques, des titres courts et accrocheurs (autour des 3 minutes) pour 40 minutes compactes et directes.
YERSINIA démontre en 11 titres que la fraîcheur et la motivation sont la source d'une création émoustillante.
On pourra simplement leur demander de veiller à offrir davantage de diversité à leurs compositions pour ne pas avoir parfois la sensation de redite. Il n'est pas question ici de tourner en rond mais bien de poursuivre vers l'avant une voie empruntée avec force !

Bordel mais que Black Star Foundation a eu le nez fin avec ces jeunes suédois. Rarement un groupe n'aura assumé autant d'influences et affiché tant de maturité pour un premier effort. YERSINIA n'est pas un groupe à prendre à la légère et place la barre très haute.
"Efter Oss Syndafloden" attaque pied au plancher et ne relâche son emprise qu'avec la dernière minute ambiancée du tout dernier morceau. Entre temps ? Une franche claque de modernité et d'énergie.

Verdict : 4/5.

Top : "Det Vi Gav Till Havet", "Den Sista Sang Jag Skriver Till Dig", "Gör Ett Jävla Hal Här", "Hoppas Kräftan Tar Dig".