Ouais. Sans être un fan(atique) du "genre" (c'est plutôt une "vague", en fait... car la musique pratiquée est loin d'être uniforme d'un groupe à l'autre) .... le "Grunge", c'est un peu l'équivalent d'Attila pour les historiens : un phénomène violent (pour le Hard-Glam US qui en meurt), intense mais relativement bref... Mais dont on parle encore 30 ans après ! Et toujours avec la même passion ! Notre échange en témoigne : CQFD ! À ne pas négliger, donc, cette influence... En plus, je viens de voir un jeune type avec un T-Shirt NIRVANA, cette après-midi...

Il y a des héritiers du "Grunge" (je n'aime pas trop cette appellation) en Europe, à travers le courant Rock Alternatif.

Sauf que si l'on est "issu" du courant Hard Rock/Heavy Metal et consorts - bref une voie conventionnelle -, il est difficile de se rendre compte de cet héritage.

Je pense d'ailleurs que l'erreur est de chercher aujourd'hui des groupes actuels dans la lignée pure et dure du Grunge primaire. Ca s'est dilué depuis le temps.

La Brit Pop avec OASIS, BLUR, reprenait quand même certains éléments du Grunge : mélodies Pop (forcément), refrains tubesques, guitares crades (saturations à fond).
La Brit Pop peut donc être vue comme un dérivé du Grunge.

Sinon, en France, il y a eu les THUGS (qui ont fait la 1ère partie de NIRVANA), et SLOY aussi, qui étaient vachement alternatifs et grungy dans l'esprit.

Très bonne question ! Tu mets le doigt sur quelque chose d'intéressant en effet : le Grunge fut un courant musical très américain, très exporté mais peu imité en Europe ou au Japon.
En Angleterre il y eut BUSH, mais surtout la Britpop qui fut une réaction nationaliste anti-Grunge...

Hélas je n'ai pas d'explication... Trop américain ? Trop générationnel (mais le Post-Grunge cartonne encore) ? Difficile à dire. Il faudrait comprendre pourquoi ceux qui en ont écouté n'ont pas eu envie de former des groupes Grunge...
Je me souviens qu'en France on écoutait ça avec plaisir, mais on est vite passé à autre chose : le style ne parlait pas tant que ça aux ados. Vers 1994 c'était plié. Presque ringard.

Par contre l'explosion Grunge a accompagné et nourri celle du Metal alternatif, qui a sans doute eu une influence plus large (Indus, Neo, etc.). Tout ce que le très bon magazine RAGE allait mettre en avant alors même que le Grunge déclinait.

En France, cette vague a eu des répercutions. Je pense au tube de DOLLY "je ne veux pas rester sage", qui a fait un carton à l'époque, toute proportion gardée, bien sûr, mais qui passait sur les ondes. Par ailleurs, il y a tout un tas de groupes français au son plus moderne qui ont bénéficié d'une bonne visibilité à cette époque, "boostés" par la vague en provenance des USA, même s'il n'étaient pas "Grunge" (SILMARILS, NO ONE…).

L'album "Tostaky" de NOIR DÉSIR m'a toujours paru bien Grunge. Une certaine influence je pense.

Vu que le Grunge est plus à percevoir comme un mouvement plutôt qu’un style à part entière, on va plutôt voir l'influence de celui-ci plutôt que le développement d’un style sur le reste du globe, contrairement au doom et au stoner.

La scène underground française grouillait de groupes Grunge, puis Neo, à partir de la deuxième moitié des années 90.
Il n'y a pas forcément eu beaucoup de sorties majeures mais en ce temps, c'était trouver un groupe de Metal qui était compliqué !
Y a eu les groupes à la SILMARILS par exemple.

Je ne sais pas si on peut parler de scène Grunge, mais l'attitude et le son étaient plus en réponse à la scène de Seattle qu'à la NWOBHM ou à la Bay Trash Area pour donner quelques exemples !
Ça me faisait bien chier à l'époque d'ailleurs...

En "tentatives" Grunge françaises nous pouvons citer d'illustres combos plus ou moins oubliés : DRIVE BLIND, TANTRUM, DISTANT WINTER, SLOY (plus dans une veine JESUS LIZARD/SHELLAC) ou SKIPPIES sans oublier les précurseurs Les THUGS (formés au milieu des années 80) signés un moment chez Sub Pop et qui ont effectivement tourné avec NIRVANA (qui lui fera la première partie de TREPONEM PAL lors de son premier passage en France). Sinon oui "Tostaky" de NOIR DESIR surfe (opportunément ?) sur les sonorités Grunge, le groupe à cette époque écoutait FUGAZI et a tourné avec les BURNING HEADS, ce qui peut expliquer ce son aux guitares rugueuses.

Suis d'accord avec ce qui est dit ici sur l'album "Tostaky" de NOIR DES', et également avec le lien avec la Brit Pop anglaise, BLUR, OASIS et consorts. Par contre, je suis très surpris de voir plusieurs personnes rapprocher Les THUGS de la mouvance Grunge. Pour ce qui me concerne, cela n'a rien à voir, les THUGS sont à la croisée des chemins entre Rock sauvage, Punk, et mouvance alternative. Je les rapprocherais bcp plus de groupes comme HÜSKER DÜ par exemple. Après, je ne peux répondre à la question posée, car je ne suis vraiment pas spécialiste du Grunge, mouvement que j'apprécie au final assez peu, même s'il y avait d'excellents chanteurs en particulier, et quelques très bons gratteux.

Les Nantais de DOLLY, "Je Ne Veux Pas Rester Sage", superbe single de pur Grunge nirvanien qui passait partout, ont vendu 170 000 albums en 1997 !

Non seulement le mouvement Grunge est très américain, mais il est même très régional, le fait qu'il provienne de Seattle n'est pas anodin, dans un état souvent oublié, positionné à l'extrémité du pays, comme s'il faisait office de pièce rapportée, la morosité y est monnaie courante. De ce spleen qu'a ressenti la jeunesse de Seattle à cette époque-là, découle le Grunge, ceci explique en partie, le fait que ce mouvement n'ait guère connu d'émulation hors de l'état de Washington.

Pour Zecton, le Grunge n'est donc qu'une musique régionale étasunienne qui n'a concerné qu'une poignée de dépressifs locaux à l'aube des années 90.
Il est vrai que "Nervermind" ne s'est vendu qu'à 30 millions d'exemplaires, ce qui prouve bien que cette musique n'a pas intéressé grand monde et n'a surtout connu aucune influence sur la scène musicale mondiale, si ce n'est en Bretagne, autre région particulièrement pluvieuse, venteuse et excentrée, où les FRÈRES MORVAN se sont également mis à porter des chemises à carreau.

Cher Fred, je ne vois pas trop le rapport entre les ventes de "Nevermind" et le fait que le Grunge soit une musique régional. BJÖRK a vendu des millions d'albums également, son style est pourtant marqué par ses origines et peu imité.
Quant aux prétendues influences du Grunge ailleurs, cela me laisse perplexe, peu de groupes sonnent comme les groupes de Seattle des 90s, parce que c'est le contexte géographique et l'époque qui ont forgé ce son, que tu le veuilles ou non, et ce n'est pas la Brit Pop ou NOIR DÉSIR qui me feront dire le contraire, tant je ne vois aucune corrélation avec le Grunge qui est clairement un mouvement à part, très éphémère comme le Punk, mais bien moins influent.

Salut à toi, comme les camarades qui m'ont précédé, je trouve que "Ten" est un album immédiat, tout de suite assimilable, mais le groupe mûrit très vite, et les albums suivants, même si ils regorgent de titres merveilleux, sont plus tortueux, et méritent un plus grand nombre d'écoutes pour se révéler à l'auditeur.
Pour le prochain album à écouter, fonce sur le "Live At The Gorge", qui est tout simplement magnifique, et équivaut à lui seul un best of king size de la carrière du groupe, qui se révèle sur scène tant certains titres prennent une dimension monumental en Live, tu y découvriras énormément de morceaux qui vont t'enivrer, et du coup, tu souhaiteras te plonger dans le reste de la disco de ce très grand groupe.
Bonne écoute.

Personnellement, je n'ai jamais trouvé aucun autre album de PEARL JAM capable de soutenir la comparaison avec ce premier opus parfait. Néanmoins, je te conseille de laisser sa chance à "Vs" qui renferme quelques morceaux de bravoure dont un savoureux et hymnesque "Dissident" ! Dans une moindre mesure, tu peux jeter une oreille sur "Vitalogy" (1994) ""Backspacer" (2009) ou "Lightning Bolt" (2013), plus Rock que Grunge et plus imparfaits mais néanmoins efficaces.

Comme toi j'ai découvert PEARL JAM avec cette pure merveille qu'est "Ten"... En 1991 l'année de sa sortie...
Et il évoque tout un tas de souvenirs d'une époque désormais lointaine et d'ambiances si particulières !

Comme toi "Versus" m'a tout d'abord déçu deux ans plus tard. Mais attention : "Versus" est un album qui ne se livre pas comme ça, beaucoup moins facilement que "Ten", il se travaille. Essaye et tu verras : il prendra une deuxième place sur le podium de la discographie de PEARL JAM, pas si éloignée de "Ten".

Pour la suite, personnellement je n'ai jamais réussi à accrocher sur la totalité d'un album. Seulement quelques chansons sur chaque disque qui s'approchent de "Ten" ou "Versus"...

Par contre, je te conseille vivement le "Dissident - Live In Atlanta" : "Ten" et "Versus" en live ça marche très très bien !
D'autres performances live disponibles sur YouTube valent le détour car le groupe y retrouve généralement cette approche si particulière à "Ten", et met bien en valeur des titres qui peuvent paraître fadasses en version studio sur les albums suivants.

Métalliquement.

PEARL JAM est un groupe de Rock, ils ne font plus de Grunge depuis bien longtemps. Si on s'attend à ça il faut effectivement éviter. Par contre PEARL JAM est énorme en live, et à ce titre je ne peux que conseiller le fabuleux coffret "Live At The Gorge", 7 cds, 99 titres. Et sinon le dernier album en date, "Lightning Bolt" est excellent, mais encore une fois à condition de s'attendre à un disque de Rock, pas de Grunge.

Hello,
J’ai toujours eu la même impression : "Ten" est sans défaut, mais je trouve qu’aucun autre album ne lui arrive à la cheville dans la disco de PJ. "Vitalogy" possède quelques pépites ("Not For You"), "No Code" est agréable (mais surtout lié pour moi à mes souvenirs d’ado, époque à laquelle j’avais découvert l’album). Non, en fait, pour moi, le seul autre vraiment bon album de PJ n’en est pas un: il s’agit de la BO de "Into the Wild" par Mister Vedder (attention, album tout acoustique, on oublie les fantastiques solo de guitare de "Ten"). J’ai peur que pour retrouver autant de génie que sur Ten, tu doive te tourner vers l’autre groupe majeur de Seattle : SOUNDGARDEN (style assez différent tout de même). Peace.

Plutôt le contraire je pense... On retrouvait déjà des (légères) influences fusion à la RED HOT chez MOTHER LOVE BONE, précédente formation cultissime de Jeff Ament et Stone Gossard. Par ailleurs Gossard a souvent cité les RE HOT CHILI PEPPERS comme étant un de ses groupes favoris à l'époque de la sortie de "Ten".

Et sans compter, que ces 2 groupes ont certainement pas mal d'influences communes.

Pour ce qui est de "Dirty Franck" en live, dur de faire le compte avec la tripotée de bootlegs officiel que le groupe se traine (quoique de mémoire il me semble qu'un site les répertorie, avec un compteur pour chaque chanson jouée), mais en tout cas, ce titre figure sur le "Live At The Gorge" (2ème concert).

A bientôt
W.

Je trouve que l'album "Ten" a effectivement attiré les fans de grunge, mais surtout pas mal ceux de hard-rock 70's, que GN'R avait réussi à fédérer peu avant. Par contre le côté fusion me parait être nettement plus anecdotique, si ce n'est qu'une énergie similaire due au son en vogue à ce moment pouvait ramener aux RHCP, n'oublions pas qu'à Paris leurs chansons respectives passaient sur une seule et même radio avant d'aller faire un carton ailleurs.

Je ne sais pas vraiment. Par contre je peux raconter l'engouement, dont je fus surpris, tout azimut autour de ce groupe et donc de cet album.
J'étais au lycée à l'époque. Dans ce que j'avais pu constaté, les inconditionnels de GUNS, de Thrash et même du Death émergeant étaient réunis autour de cette création. Cet album, dans ma cour de lycée, avait été ressenti comme un ovni à l'époque. Je pense, que le coté très "dark", l'ambiance très travaillée et soignée qui était recherchée et avait été obtenue, avait attiré pas mal de monde. On y trouves d'excellentes mélodies, et même de la rage. Mais tout, en étant très "contenu", prêt à exploser, est distillé avec finesse et parcimonie. J'avais été encore plus surpris par l'ampleur de cet album, quand une fille de mon cours d'allemand, très discrète, et très éduquée, pas du tout branchée Metal jusque là, m'avait timidement demandé, si j'avais cet opus. Cela me questionne encore sur l'aura de cet album. Encore une fois, ce n'est que le prisme d'une cours de lycée au moment des faits.

À peu près la même expérience que NOORS, à la sortie de TEN, moi aussi au lycée mais dans le camp METALLICA. Je me rappelle effectivement qu'entre les pro-Grunge, les amateurs de GN'R (qui du coup commençaient à porter des chemises à carreaux) et certaines non spécialistes plus aventureuses, beaucoup de monde aimait. De là à chercher à théoriser, je pense que c'est bien inutile, la même chose s'étant produite à la sortie des "Use Your Illusion" ou du Black Album, voire même du premier RATM. Alors bien sûr, cette observation semble confirmer ta question (fans des Guns, des Mets et Fusion), moi perso c'est le seul album de PJ que j'aime, mais c'est surtout grâce aux mélodies et à la guitare. T'as peut-être pas tort en fin de compte.....

Je me rends compte que je n'ai pas pris en compte tous les éléments de la question dans ma réponse, notamment en ce qui concerne le look du groupe.
PEARL JAM comme NIRVANNA affiche un look qui dévoile ses codes à travers des vêtements décontractés et usés des pieds jusqu'au cou et des chevelures longues très 7O's. La dimension naturellement rebelle qui s'en dégage n'a pas besoin de sous-titres, les mines des musiciens non-plus.
On retrouve des ingrédients similaires chez les RHCP, ainsi que le côté punk dans l'attitude et dans le son (qui existe aussi chez GN'R, mais bardé de cuir) dans un style plus festif tout de même, l'influence de la Californie n'étant probablement pas étrangère à ce distinguo, l'état de Washington, son histoire, sa géographie, son climat aussi bien météorologique que social étant fort différent.
On retrouve également ceux qui affichent leurs tatouages du côté Californien alors que tout au nord cet élément n'est pas automatiquement mis en lumière.

Oh, si c'est leur live unplugged, oui, elle vaut le coup. Certaines des versions acoustiques des titre de "Ten" valent le détour.

Après, je viens de relire la question une seconde fois... 40€, ça reste mine de rien très cher.

Je ne l'ai pas, mais tu en trouveras une chronique détaillée sur l'excellent site de DVD musicaux dvdreamscape.fr :

http://www.dvdreamscape.fr/bonus-pearljam-ten.htm