"Cette fois-ci c'est bel et bien terminé pour Karl Willets, qui quitte définitivement Bolt Thrower. Il est automatiquement remplacé par Dave Ingram (ex-Benediction), tandis que le reste du groupe n'est pas modifié. Et on retrouve après près de 4 ans d'attente la suite du programme, dont certains étaient désireux de connaître l'échéance puisque Mercenary n'a pas plu à tout le monde (ce qui est le cas pour pas mal d'albums à vrai dire). Ces 4 ans ont permis à leur nouvelle galette de mûrir, pour le plus grand bien des fans.

Sur le fond, Bolt Thrower n'a pas changé d'un iota: guitares lourdes, riffs composés dans ce fameux do dièse, imagerie de guerre, un style qui en définitive reste bien la propriété de ces anglais de Birmingham. Sur la forme c'est une autre histoire, les riffs se font moins complexes que dans Mercenary et le rythme à l'intérieur d'un et seul et même morceau est bien souvent unique.

Au niveau des guitares, les riffs principaux prennent ici toute l'ampleur de leur qualificatif: ils sont principaux et tout ou presque tout se greffe par dessus. Chaque morceau est pourtant varié mais l'impression d'unité est encore plus présente qu'auparavant. Ces riffs-là sont puissants, excellents et entraînants et largement plus abrasifs que dans Mercenary.
C'est d'ailleurs le constat qui se fait de lui-même: plus violent. On a affaire à de superbes murs de guitares pesantes, accompagnés d'une batterie qui ,même si le maître a changé, joue un jeu toujours similaire aux précédents albums. Accompagnement ultime: la voix très guturrale (en tout cas plus que Karl Willets) rajoute à l'ambiance vrombissante et lourde.

Si l'on commençait à s'habituer aux morceaux tiraillés entre rapidité et lourdeur, remplis de furieuses accélérations et de changements de rythmes fréquents, comme pour Suspect Hostile ou 7th Offensive, Bolt Thrower rajoute à l'unité au sein des compos en proposant des morceaux rapides ET lourds, mais jamais les deux à la fois.

Dans les morceaux rapides, on se délecte de ces guitares carrées, pugnaces au rythme accrocheur tandis que dans les morceaux lourds on goûte au martèlement fin des tomes d'Alex Thomas, docteur ès-tirs d'obus alors que le riff principal est tout autant inventif. Enfin mention spéciale aux passages où la guitare aigüe, permettant au néophyte de s'y retrouver un peu dans ce death-metal particulier, rivalise de génie dans ses solos ou ses conclusions avec les mélodies. Tout celà sent la remise en question, d'autant plus qu'on assiste à roulement couplet/refrain assez original pour Bolt Thrower.

De véritables tueries tombent des nues, et ce sont des choses qui n'étaient pas arrivées depuis longtemps. Attendre encore 4 ans ça ne me met pas dans un état d'euphorie dévastateur, mais si c'est le temps qu'il faut pour qu'on fasse taire les mauvaises langues sur la soi-disant fixité de leur musique, alors je suis preneur. A ceux qui avaient trouvé Mercenary un peu mou ou trop dérivé de leur vrai style, vous pouvez souffler: Bolt Thrower nous présente avec Pride un album qui respecte les Valour du groupe. C'est un Honour."