"Angel Dust" est un disque marquant dans l’Histoire de la musique. L’un des premiers à avoir à ce point marié les genres, et notamment à tenter sur "Caffeine", sans conteste le titre le plus marquant de l’album même s’il n’est pas le plus connu, d’alterner chant extrême et chant clair. Sans ce titre, il n’y aurait sans doute pas eu de Neo puis de Metalcore ricain, même si FAITH NO MORE répudiera sans ménagement cette lignée honnie. Ils n’avaient qu’à pas faire copuler tous ces styles s’ils ne souhaitaient pas qu’ils enfantent d’infâmes rejetons. Même le révérend MARILYN MANSON viendra pomper pour son "mOBSCENE" le gimmick du refrain de "Be Agressive", ce qui est cocasse quand on connaît le thème du morceau (je vous laisse faire les recherches #NSFW par vous-même).

"Angel Dust" m’a préparé, sans que je ne m’en rende compte à l’époque, à apprécier la musique que j’aime le plus aujourd’hui. Faite d’agressivité et de mélanges improbables, plus ou moins assimilés d’ailleurs telles des traces d’huile de vidange dans une flaque d’eau. Découverts à l’occasion de la première partie du concert de GUNS N’ ROSES (avec une affiche de rêve puisque SOUNDGARDEN était également de la partie, sans parler des guests : Steven Tyler, Joe Perry et Lenny Kravitz), rien ne serait plus jamais comme avant pour moi.

"Angel Dust" fait voyager dans un monde excessif, absurde et violent, mais le désespoir s’y teinte systématiquement d’une touche d’ironie ("Everything’s Ruined", "Land Of Sunshine"). Littéralement habité par Mike Patton, grand cinglé mais exceptionnel frontman, en plus d’être un immense chanteur, l’opus alterne les caresses ("RV", "Easy", "Midnight Cowboy") et les mandales ("Malpractice" ou le sordide "Jizzlobber"), à la façon du tortionnaire-dentiste de "Marathon Man". L’artwork est en symbiose avec le menu proposé : pureté absolue côté pile avec cette cigogne sur fond bleu, boucherie littéralement parlant côté face.

"Angel Dust" n’a pas pris une ride, trente ans après. L’écoute exhaustive des quatorze chansons (extended edition) passe toujours aussi bien : le son est excellent (production aux petits oignons par Matt Wallace), les claviers parfaitement dosés, et le niveau technique des zikos, en particulier Billy et Puffy (quelle putain de section rythmique !) est au service des compositions et du groove. Enregistré dans un contexte de fortes tensions entre les membres du combo, Jim Martin quittera le groupe dans la foulée de la tournée et FAITH NO MORE ne retrouvera plus jamais ce niveau stratosphérique, même s’il engendrera malgré tout d’autres excellents LPs par la suite.

"Angel Dust", album culte par excellence, reste pour moi l’un des meilleurs albums de tous les temps, c’est aussi simple que cela.