Voilà l’un des chefs d’œuvre du Hard/Heavy des nineties ! Rien de moins. Blackie Lawless, qui avait déjà essayé d’apporter un peu de subtilité dans son Heavy avec "The Headless Children", considéré à sa sortie comme un aboutissement, décide de se lancer dans une œuvre ambitieuse, autobiographique par certains aspects qui sortira au final sous le nom W.A.S.P., à la fois pour des raisons commerciales évidentes et un soutien indéfectible des fans du groupe.

En dix titres, Blackie Lawless dit la messe. Dès "The Titanic Overture", on peut s’attendre à du grandiose, tant on pense au travail de Bob Ezrin aussi bien avec ALICE COOPER qu’avec PINK FLOYD, ce qu’aucun des neuf titres ne viendra démentir. Le fait d’avoir arpenté le livret en profondeur avant même l’écoute a sans doute accentué mon immersion dans "The Crimson Idol" à l’artwork montrant Jonathan, la rockstar crucifiée sur l’autel du succès, lui qui par les cordes vocales criera sa détresse (« I don’t wanna be the crimson idol! »), incapable d’affronter les traumatismes de son enfance.

Le Rock décadent dans toute sa splendeur ressort par tous les pores de ce disque, que ce soit au travers de l’histoire, avec Jonathan sniffant sans doute un dernier rail de coke avant de rejoindre la scène où une horde de fans l’acclame ("Arena Pleasure") ou encore la sublime "The Idol" où la six-cordes transporte, véhiculant la recherche d’une échappatoire ramenant aux fondamentaux de la vie affective (Jonathan est quasi renié par ses parents suite à la mort accidentelle de son frère seul de leurs deux fils à compter à leurs yeux)... ou encore la longue et sublime "The Great Misconceptions Of Me" sans doute le clou du spectacle qui a compté nombre de feux d’artifice, ne serait-ce que la monstrueuse "Chainsaw Charlie" rentrée au panthéon du Hard Rock par la grande porte avec ce renouvellement musical en son milieu qui part sur un Heavy furieux hautement contagieux, formant l’un des plus percutants enchaînements de l’Histoire du Metal.

W.A.S.P. est un groupe très marginalisé aujourd’hui qui continue pourtant de sortir de très bons albums (les récents "Dominator" et "Babylon" le prouvent) et qui dispose d’un alignement de cinq premiers opus excellents dont "The Crimson Idol" est le zénith. J’oserai dire que cet opus est essentiel à tout hardos qui se respecte et qu’il peut être découvert autant après des années d’écoutes intensives de musique saturée qu’en cours de processus d’acquisition de connaissances sur cet univers. W.A.S.P. est une légende du Metal et en grande partie grâce à cet opus.