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BLACK SABBATH - Mob Rules (1981)
Par JEFF KANJI le 26 Août 2015          Consultée 14966 fois

Le SABB' est triomphant en ce début de décennie ! Après avoir frôlé la mort clinique, l'un des pères fondateurs du Heavy Metal retrouve les sommets avec "Heaven And Hell", largement acclamé par les critiques et par les fans, même si de nombreux pro-Ozzy diront l'apprécier en disant que ce n'est plus du BLACK SABBATH. Les fans, quand on y pense, sont gâtés, car si "Heaven And Hell" a beaucoup de mérite, ce n'est pas seulement grâce à l'enchaînement invraisemblable d’événements qui lui ont donné naissance, mais aussi parce que le démissionné Ozzy, que sa future femme a sorti du trou, qui a la sympathie des fans de BLACK SABBATH (dont il est clairement l'une des âmes damnées les plus influentes et les plus charismatiques), a sorti un tonitruant premier opus solo - "Blizzard Of Ozz" - qui mérite tout autant la palme du plus grand album de Heavy Metal de 1980 (ancienne école bien entendu, car la NWOBHM fait rage et les perles sont légion en cette féconde année, disputant aux dinosaures leurs lauriers).

L'alchimie semble parfaite entre Ronnie James Dio et ses nouveaux acolytes, si bien que dès l'année suivante un nouvel opus du BLACK SABBATH mk II arrive dans les bacs. Intégralement pensé et composé avec le diablotin, "Mob Rules" affiche une cohérence encore plus grande que "Heaven And Hell" ! La frappe de Vinny Appice n'y est pas pour rien, et à l'image d'un Simon Wright qui fera les beaux jours de DIO plus tard, son jeu à la fois efficace et moderne est un réel plus pour les Anglais. Et pourtant, à qualité équivalente, "Mob Rules" sonne plus SABBATH. Pourquoi ? La production d'abord, plus lourde et terreuse, et l'aspect plus sombre des compositions, ramènent l'occultisme dans la musique de BLACK SABBATH, composante fondamentale qui a contribué à son originalité et à l'aura de ses compositions. Dès le premier titre "Turn Up The Night" on s'en rend compte, sa parenté directe avec "Neon Knights" permettant de jouer au jeu des sept différences avec facilité.

Ronnie James Dio est au sommet de son art et on n'a plus du tout la sensation d'avoir le chanteur de RAINBOW au micro. Cet opus, c'est une suite de 9 titres d'égale qualité, d'une profondeur et d'une réussite rares. Si les petits jeunes qui ne connaissent pas cet ancêtre vous font l'apologie de tel riffeur des temps modernes, vous pourrez lui faire écouter cet album pour qu'il comprenne que les élèves ne pourront peut-être jamais égaler le maître Tony Iommi qui possède un sens du riff qui après quarante-cinq ans de carrière me surprend toujours (les récents "The Devil You Know" et "13" regorgent encore de riffs Heavy inimitables). "The Mob Rules", "Voodoo" ou "The Sign Of The Southern Cross" sont autant d'hymnes à la gloire du Heavy occulte.

Et BLACK SABBATH parvient par le jeu du tracklisting à nous proposer un florilège de ses capacités et un condensé de ses différentes facettes, œuvrant avec brio dans l'efficace à la "Paranoid" avec l'éponyme, dans la longue procession doomesque avec "The Sign Of The Southern Cross", et dans la mystique propre à Ronnie Dio sur "Falling Off The Edge Of The World" qui dévoile lentement mais sûrement ses atours, d'abord par ces sonorités acoustiques qui vont évoquer "Children Of The Sea" puis par le biais d'un riff une nouvelle fois génial de Mr Iommi. Des œillades au passé, il y en a aussi sur "Country Girl" qui rappelle clairement "Iron Man" avec un épais riff posé sur une rythmique lourde et mesurée.

"Mob Rules" confirme le retour en forme du dinosaure et enchaîne un deuxième essentiel de sa discographie d'affilée, comme il l'a réussi exactement dix ans plus tôt. Je lui préfère néanmoins "Heaven And Hell", plus mystique et sensible que ce "Mob Rules" plus conquérant mais qui semble vouloir user des artifices du son SABBATH pour mieux accepter les avancées vers lesquelles Ronnie Dio pousse ses collègues. C'est particulièrement flagrant sur "Voodoo" qui sonne très contemporain avec son refrain FM. Le recours à cette espèce de larsen dérangeant sur l'énigmatique "E5150" est clairement là pour ramener une part de sorcellerie dans la musique du SABB'. Mais à côté de ça, les chefs d'œuvre de BLACK SABBATH s'amoncellent une nouvelle fois ; le ring modulator apposé sur la basse de Geezer permet de garder cette atmosphère tourbée et troublée sur "The Sign Of The Southern Cross". "Falling Off the Edge Of The World" est rendu immortel par une interprétation étincelante du petit diable, et Tony Iommi est le grand-maître de cérémonie qui décoche des riffs sortis de nulle part mais qui ont tous en commun cette capacité à étouffer l'auditeur sous une chape de plomb, celle-là même qui recouvre "Mob Rules".

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   (5 chroniques)



- Ronnie James Dio (chant)
- Tony Iommi (guitare)
- Geezer Butler (basse)
- Vinnie Appice (batterie)


1. Turn Up The Night
2. Voodoo
3. The Sign Of The Southern Cross
4. E5150
5. The Mob Rules
6. Country Girl
7. Slipping Away
8. Falling Off The Edge Of The World
9. Over & Over



             



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