Le premier album solo de Luca Turilli arrive juste après l’album majeur de RHAPSODY, « Symphony Of Enchanted Lands ». On s’attendait un peu à tout. Un album axé sur l’instrument de prédilection de l’italien, notamment. Il faut bien justifier une escapade en solitaire, après tout. Eh bien non. Le guitariste, finalement, opte pour un prolongement personnel de son groupe. Du coup, à bien comparer les deux branches nées de ses mains ô combien fécondes, les différences ne sautent pas aux oreilles.

Du metal orchestral, des refrains fédérateurs, un style grandiloquent au possible, les qualificatifs demeurent identiques. Pourtant, les différences existent. Evidemment, celle qui vient à l’esprit constitue une distinction naturelle : le chant. Olaf Hayer (ex-TREASURE SEEKER, conseillé par Sasha Paeth) n’a pas le timbre de Fabio Lione. Il officie dans un registre plus conventionnel, à la Mikael Kiske, tout allemand qu’il est, avec ce chant technique et haut perché. Seconde différence, on sent Luca avide de s’essayer à des titres laissant s’exprimer quelques effets électroniques (« Lord of the Winter »). RHAPSODY, embrigadé dans son univers médiéval, le lui interdit et l’italien ira encore plus loin sur son second album solo. Autre différence, les titres sont moins arrangés, légèrement plus directs (« Legend of Steel »). Les orchestrations demeurent toujours en bonne place mais les breaks se montrent moins alambiqués, tout comme les lignes de chant, d’ailleurs. Enfin, le jeu de guitare lorgne plus nettement vers le folklorique, dans un jeu entre classique et manouche. C’est sur cet album que Luca va affermir l’une de ses caractéristiques : utiliser sa guitare à la manière d’un violon (dans le résultat, hein, pas la façon de manier l’instrument).

Mais finalement, la différence la plus importante est à dénicher au niveau du rendu qualitatif. « KOTNT » est moins bon que « Legendary Tales » ou « SOEL ». C’est selon moi une évidence. Pour autant, ce premier album recèle trois titres imparables. « Where Heroes Lie », morceau aventureux avec de superbes mélodies épiques et une accroche idéale, « Princess Aurora », ballade romantique de toute beauté (à part les paroles niaises au possible), composée en hommage à NIGHTWISH qui venait de tout fracasser avec « Oceanborn » et le final, « KOTNT », fresque épique génialissime, dense et captivante. Ces trois titres, parce qu’ils se hissent au niveau du meilleur de RHAPSODY, justifient seuls, à mes yeux, l’achat de cet album (et une place de choix dans ma CDthèque). Oui, quand on aime, on ne compte pas. Ils parviennent même à occulter les quelques ratés, comme « The Ancient Forest of Elves », trop niais pour convaincre et une seconde ballade « Warrior’s Pride », tellement plus marquante en duo qu’avec Olaf seul au chant (la version duo se trouve sur le single « The Ancient Forest Of Elves »).

Finalement, un album que je juge encore et toujours comme majeur dans l’histoire du metal symphonique et qui permet de constater que Luca a décidemment beaucoup d’idées… et beaucoup de temps à consacrer à la composition. Un album qui vaut aussi son pesant de cacahuètes pour la découverte d’Olaf Hayer, vocaliste de talent.
Une note difficile à attribuer. Moins bon que « SOEL », certes, mais d’innombrables écoutes et un plaisir intact, qui revient souvent sur les trois titres référentiels précités.

Note : 4,5 / 5