Un album pour les gouverner tous ? Difficile de choisir parmi la riche discographie des maîtres du Melodeath, mais s’il ne devait en rester qu’un, ce serait probablement "Haven" pour moi. Infiniment mélancolique mais sans jamais sonner cheezy, le cinquième LP de DARK TRANQUILLITY représente la synthèse parfaite de sa longue carrière. Chaque morceau est ciselé à la perfection. La qualité des arrangements est juste dingue, et justifie une écoute attentive, au casque de préférence, pour saisir toutes les harmonies et les couches mélodiques que le groupe nous a concoctés. Loin d’être anecdotiques, elles viennent apporter une profondeur qui se dévoile avec le temps et offre à "Haven" une durée de vie proche de l’infini.

S’il est vrai que le combo de Göteborg a souvent vu son line-up évoluer avec le temps, celui qui officie sur "Haven" peut être considéré comme le plus classique. Il intègre en tout cas les principaux songwriters qui jalonnent l’histoire du groupe (Sundin, Brändström, Jivarp, Henriksson et Stanne aux textes bien entendu). Et cela se ressent dans la qualité de l’écriture. Putain ce que c’est bon : rien de superflu, tout est à sa place, magnifié par une production puissante mais d’une précision redoutable, ce qui est indispensable lorsque l’on empile autant de pistes simultanées. Croyez-moi, c’est un exploit ici.

Impossible de mettre en avant un titre plutôt qu’un autre. Ils sont tous réussis et l’agencement de la tracklist est juste parfait, insérant les morceaux plus dynamiques au moment idéal comme "Rundown", afin de filer le petit coup de fouet qui va bien au cas où le spleen prendrait trop le pas. Et que dire de Mikael Stanne… Il délivre une fois encore une partition impeccable, majoritairement dans un registre growlé cette fois-ci, les voix claires étant parties en vacances pour se reposer de l’effort "Projector", à l’exception de la très sombre "Emptier Still". C’est l’un des seuls vocalistes qui n’a pas besoin changer son chant pour envoyer un chorus touchant, au contraire. Je mets vos poils au défi de ne pas se dresser sur le refrain du titre-track.

À noter une édition 2009, remasterisée, et incluant nombre de bonus qui font bien plaisir, dont le titre "Misery In Me", et son passage musical de fin qui me file toujours des frissons, après tout ce temps. Cette chanson avait clairement sa place sur l’édition originale, mais il était tout bonnement impossible d’en déloger une pour cela.

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