Mes craintes convergeaient avec celles de Kol quant à l’approche prévisible du huitième album des plus célèbres forbans du Metal Game qui allait succéder au sympathique quoiqu’inconsistant EP “Voyage Of The Dead Marauder”. En effet, il suffit d’observer la forme pyramidale des notes de la discographie sur la gauche de votre écran comme si vous aviez trié votre recherche Amazon par prix décroissant, pour augurer la poursuite d’une descente dans la facilité et le désormais convenu… Alors comment endiguer le mauvais sort ? Ou plutôt, devrais-je enfin ouvrir les yeux sur les gimmicks éculés d’un groupe auquel j’accorde une sympathie excessive, malgré un laisser-aller manifeste, la bonhomie n’étant plus un argument assez solide pour les défendre ? Que faire, qui suis-je, dans quel état j’er-

”FROZEN PIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIISS !!!” - Le morceau du même nom

Eh bien ce sera peut-être pour le neuvième, car malgré un niveau linguistique qui ne dépasse pas de la pelouse (et que l’on rangera sur l’étagère de l’humour pour faire passer la pilule), et un départ en demi-teinte avec “Hyperion Omniriff” (dans une veine d’un DRAGONFORCE contemporain, ce qui n’est pas vraiment un compliment) : “The Thunderfist Chronicles” (TTC, comme son prix) est un album qui se bonifie très rapidement au fil des écoutes.

C’est finalement l’expérience qui parle ici, la bande à Bowes sélectionnant intelligemment les ingrédients qui ne pourront pas faire louper la recette. “TTC”, c’est un gâteau Alsa, en fait. Patty Gurdy intervient (seulement) sur deux titres (“Frozen Piss 2” et “Super-Mega Treasure”-mon-cul-ma-chemise) mais en très grandes pompes, le talent de l’Allemande n’étant désormais plus à démontrer, et Russell Allen (SYMPHONY X) également sur le titre de clôture, parce que, pourquoi pas ? Et concernant tous les membres en CDI, tous se sortent les doigts pour produire le mieux d’eux-mêmes, avec une mention plus que spéciale pour Vernon dont le chant screamé prend de plus en plus de place et donne un réel souffle aux titres, beaucoup plus nerveux et incisifs, s’engageant presque dans des battles vocales avec Bowes ; et pour Bodor, qui semble avoir quasi carte blanche pour pondre des soli à la fois fédérateurs (certes, un peu téléphonés) et redoutablement efficaces.

Et sans surprise, c’est l’ultime titre qui concentrera toutes ces qualités, du haut de ses dix-sept minutes un chouia longuettes, narrant une épopée entière (calmez-vous, ce n’est pas l’Iliade ou l’Odyssée non plus) et laissant surtout la place à tous les protagonistes en vue de produire un titre sérieux, construit, et tangible. Le titre se veut glorieux, et cet adjectif n’est pas innocemment sélectionné, une influence GLORYHAMMERienne (groupe dans lequel Bowes officie, accessoirement) transpire par toutes les écoutilles, et le passage réservé à Allen ne fait qu’oeuvrer en ce sens, tout comme le solo de Bodor, kitschissime à souhait… Et forcément imparable

Bon, à côté de ça on pourra quand même parler de nichons de sirènes (“Mountains Of The Deep”), de picoler des banana daïquiri (“Banana”), ou de se faire dépecer par des gobelins (“Goblins Ahoy !”) dans la joie et la bonne humeur, dans une reprise de NEKROGOBLIKON ultra fidèle et modernisée, au point de croire que la bande menée par le vilain korrigan est en guest, mais il n’en est rien.

En bref, tout a déjà été dit sur le compte d’ALESTORM : ce n’est, et ne sera jamais la truite la plus colorée de la rivière, et je suis ravi d’avoir eu plus de peur que de mal au sujet de “TTC”, les premières écoutes ayant été gommées de ma mémoire par les qualités réelles qu’il propose. Longue vie au quintet, “SET SAIL!” comme ils nous le rabâchent, et offrez enfin un temps complet à Patty Gurdy, bordel.

Morceaux préférés : “Frozen Piss 2”, “Banana”, “Goblins Ahoy !”