Tenir trente-trois minutes… tenir… tenir encore un peu ! La décharge d’une mitraille intense, produite par les fameux « cryptoblasts » de cet hallucinant batteur qu’est Flo Mounier, le taulier du groupe depuis les divers changements de line-up étalés sur un peu plus de trente ans d’activité, va vous anéantir les oreilles après vous avoir détérioré irrémédiablement la cervelle. Et cette agression sera constante tout du long de ce neuvième album des Canadiens. Sombre, pugnace et dopé à la technique, CRYPTOPSY s’est encore une fois bien relevé les manches.

Je me suis amusé à parcourir la discographie, et d’évidence les Canadiens n’ont pas ménagé leur peine pour faire aboutir cette nouvelle offrande épouvantable sur bien des aspects. L’ambiance est particulièrement malsaine sur cet album, et la tripotée de riffs potentialisera cet effet. Le chant bien varié de Matt McGachy est aussi une sacrée plus-value, rythmant, scandant et hachant menu les compositions avec une certaine forme d’enténèbrement.

Mention fort honorable à l’excellentissime titre "Our Great Deception" qui me paraît au-dessus de la mêlée, mais également à "Embrace The Nihility" qui ne démérite pas et nous empoigne bien par le colbac pour nous souffler à la tronche ses fluides violents, ainsi que la très intéressante et ambiancée piste "Until There’s Nothing Left". Du reste, il n’est pas aisé de rester imperturbable à l’écoute de cette furia, et c’est peut-être là que j’avoue aussi ma limite.

CRYPTOPSY m’impressionne tant par la grande qualité et technicité de ses compositions que par la fascination de cette violence terrible, déflagrante que les Canadiens arrivent à nous adresser. Avec une production ultra-propre et où tous les détails s’entendent parfaitement, "An Insatiable Violence" rembarre la concurrence sans doute dans leurs vingt-deux. Faut vraiment être sacrément marteau pour se soigner avec ce genre de musiques, n’est-ce pas, taré de Remissa !