Pour Vince Neil, rien ne va plus à la fin de l’année 1984. Ivre, il va provoquer un grave accident de voiture qui va causer la mort de Razzle Dingley, le batteur de HANOI ROCKS. Le mec n’avait que vingt-quatre ans. Le chanteur assumera. À côté de cela, Nikki Sixx sent que le vent change de direction. Que les USA commençaient à succomber à une musique plus légère, portant l’héritage Glam des années 70 tout en ayant des looks pas possibles. POISON n’était pas encore dans la place, mais le maquillage coulait à flots. Le bassiste va donc alléger sa musique, en conservant quelques aspects plus Heavy, mais ici, le truc serait plus de s’acheter une espèce de respectabilité tout en accentuant le look euh… très très glam.

Musicalement, cela s’affine donc. Les tempo se font plus lents, le tempérament est moins Heavy. Le jeu de Mick Mars va se faire plus Bluesy par moment (et se veut très appréciable sur "Smokin’ In The Boys’ Room", une reprise d’un morceau qui a eu un petit succès d’estime dans les années 70). Là encore, rien de bien technique, mais Mars va taire un peu l’agressivité de son jeu, il va le lisser quelque peu. Ce qui pose souvent problème, c’est que "Theater Of Pain" est moins immédiat que ses deux grands frères. Il se mérite un peu plus si l’on veut.

Mais le titre qui est le véritable symbole du changement, c’est "Home Sweet Home". Il s’agit en effet d’une Power Ballad, un exercice qui deviendra par la suite un passage obligatoire, mais qui se veut inédit ici. Et le résultat est plutôt fabuleux. Mick Mars signe un bon petit soli, qui passe crème, tandis que Vince Neil surprend avec sa ligne de chant bien maîtrisée. D’ailleurs, il est bon de noter les progrès que ce dernier à fait. D’ailleurs, ce morceau reste un classique du CRÜE et certainement l’une de leurs meilleures chansons, toutes périodes confondues.

Et c’est également le seul classique véritable de cet album qui compte quand même pas mal de bonnes chansons. "City Boys Blues", "Louder Than Hell" (une chute de "Shout At The Devil", remaniée pour l’occasion mais qui offre un côté plus dur à l’ensemble), "Keep Your Eye On The Money"… En fait, la première face de l’album est quasiment intouchable. C’est moins immédiat, certes, mais c’est bien amené, bien joué. En revanche, ça se délite sur la seconde moitié, avec une fin qui se veut bien en-dessous du reste.

"Theater Of Pain" est un mal-aimé. Parce que plus mou, parce que mal équilibré, parce que montrant quelques faiblesses. Et pourtant, je préfère largement ce disque à "Girls Girls Girls".

Note réelle : 3,5/5.