"Meteora" me fait penser au Meme de « Woman Yelling at a cat ». Vous savez, celui avec la femme qui ressemble à Cameron Diaz qui crie sur un chat, toute colère apparente, le doigt accusateur en guise de proue. Notre communauté de Metalleux s’indigne très souvent à juste titre sur le manque de place faite à notre musique favorite dans les médias. Mais dès qu’un groupe parvient à se frayer un chemin à travers la rotation radiophonique, celui-ci est immédiatement accusé du pire de tous les maux : « être commercial ».

Personnellement, je suis revenu au Metal que j’avais quitté pendant plus de cinq ans en écoutant NRJ, chez qui je travaillais alors et qui passait en boucle "In The End". Les ascenseurs des bureaux diffusaient la station toute la journée, donc ne me laissait guère de choix pour le coup. La vague Neo m’a ramené à mes premiers amours, que j’avais abandonnés pour embrasser Soul, Funk et un peu de Hip Hop aussi, j’avoue. Pour cela, je leur en serai éternellement reconnaissant, n’ayant depuis que des aventures ponctuelles et éphémères, le goût de l’interdit en plus.

Tout ça pour dire que j’attendais "Meteora" avec beaucoup d’impatience trois ans après, même si j’avais déjà commencé à basculer vers le Death Melo, rattrapant le retard pris pendant ces années d’errances. Impossible de faire aussi bien que "Hybrid Theory" ? Hold my beer: s’il n’a pas le charme de leur essai séminal, l’effet de surprise ne fonctionnant plus, ce second opus est également une véritable réussite.

Gavé de morceaux mémorables, quoique moins cultes, "Meteora" a de plus l’élégance de bien vieillir, se réécoutant avec grand plaisir de la première à la dernière minute. L’enchaînement "Don’t Stay" / "Somewhere I Belong" est une ouverture à la hauteur des espoirs suscités par le précédent LP, et lance l’album sur des bases élevées, que LINKIN PARK ne quittera quasiment pas avant que ne résonne un "Numb" en guise de parfaite conclusion.

Mais au-delà de ces titres que chacun doit connaître, on peut également souligner l’agressivité réelle de "Faint" et son petit sample qui rentre bien vicieusement dans le crâne, un "Session" instrumental qui fait la part belle aux influences Hip-Hop du groupe ou encore un "Figure.09" et son chorus dévastateur, sans parler de ce break souligné par les cris toute gorge déployée par Chester.

Produit aux petits oignons, le son (ah, ces murs de grattes…) et les arrangements n’ont pour autre but que de sublimer les morceaux et de renforcer encore leur efficacité. Même les chansons plus calmes y trouvent une forme de gravité ("From The Inside", "Easier To Run"). "Meteora" sera le chant du cygne, LINKIN PARK migrant vers d’autres horizons avec plus ou moins de réussite (enfin, plutôt moins que plus il faut bien le reconnaître), malgré quelques tentatives ratées de ranimer la flamme.

Voilà donc un album qu’il est bon de redécouvrir…