GAMMA RAY est un héraut du revival True Metal qui s'est lancé trois ans plus tôt. Il faut dire que non content d'être le théoricien du genre, Kai Hansen affiche depuis les débuts de GAMMA RAY une forme insolente qui s'est finalement cristallisée sur le chef d'œuvre "Land Of The Free". Malgré des bouleversements de personnel de plus, les derniers pour presque vingt ans, "Somewhere Out In Space" a enfoncé le clou, affermissant le style et le line-up dit classique du groupe. Et ce succès va permettre aux Allemands de se payer le légendaire Derek Riggs pour réaliser sa pochette (encore plus rayonnante sur la version A5 de l'album).

Ce qu'on pouvait observer, c'est que GAMMA RAY confirmait un ancrage dans le Heavy traditionnel bien plus flagrant que chez HELLOWEEN, et optait pour un matraquage en règle où les tempi speed devenaient la norme. En outre, Kai Hansen montrait que son retour au chant n'avait rien d'un choix par défaut et il progresse d'album en album, atteignant peut être son sommet au détour du siècle, "Power Plant" et "Blast From The Past" montrant sans doute le mieux ses capacités.

Dans un contexte où il est l'un des chefs de file les plus influents du genre (les musiciens ont enregistré deux ans plus tôt une reprise de "I Want Out" avec HAMMERFALL), GAMMA RAY paradoxalement semble s'enfermer dans ce Power musclé aux relents PRIEST-iens, même si ce sera beaucoup plus flagrant sur "No World Order!". Mais comme le groupe est en état de grâce, on ne le remarque pas trop, les "Anywhere In The Galaxy", "Gardens Of The Sinner", "Send Me A Sign", "Wings Of Destiny" ou "Armageddon" étant toutes des pépites du genre. En outre, "Power Plant" dégage une aura incroyablement positive, beaucoup plus que sur "Somewhere Out In Space" et encore davantage que "Land Of The Free". Et des titres comme "Razorblade Sigh" ou "Heavy Metal Universe", qui pastiche le True Metal justement, voient la facette happy se révéler. En outre le groupe a choisi d'inclure une reprise des PET SHOP BOYS ("It's A Sin") et là on est carrément en plein concours de trampoline sur des chamallows.

"Power Plant" est un album extrêmement plaisant et bien foutu, dont l'aura positive est très communicative. En revanche, c'est le premier disque des Allemands qui est aussi monolithique, et c'est peut-être là son plus gros défaut, éclipsé aux yeux de beaucoup par un songwriting particulièrement affûté. Construit avec le même patron que son prédécesseur (un titre speed épique en ouverture, un up-tempo plus rentre-dedans et Heavy, un mid-tempo mélodique, un hymne speed et pour finir une pièce plus ambitieuse et speed qui vient boucler la boucle, "Power Plant" aura soit la place du premier ou du second suivant les goûts de l'auditeur et il est à mon avis, avec "Land Of The Free" l'un des plus indiqués pour comprendre le style GAMMA RAY. Mais perso je place "Ride The Lightning" devant "Master Of Puppets".