Pour la première fois depuis ses débuts, GAMMA RAY ne connaît pas de mouvements de personnel entre deux albums. Cela sera encore le cas pour un paquet d’années, mais pour les fans, c’est un signe fort de stabilité. En revanche, nous restons dans la thématique Stargate avec ce décor mi égyptien, mi science-fiction. Et, dans le livret, le groupe assume totalement sa passion des Schtroumpfs avec un cosplay fort original, nous présentant Schtroumpf Electrique (Kai Hansen), Schtroumpf Cheveux aux vents (Dirk Schlächter), Schtroumpf Marteau (Dan Zimmermann) et Schtroumpf Je-ne-crois-pas-que-la-peinture-parte-au-lavage (Henjo Richter). Et étant donné que je dois être le cinquantième bafouilleur franco-belge à balancer cette blague, je vais passer sur le reste.

"Powerplant" est encore une fois un album très mastoc de la part de GAMMA RAY. Onze titres pour un peu plus d’une heure, ce qui fait une belle moyenne. Mais contrairement à "Somewhere Out In Space", "Powerplant" va s’avérer plus aéré, moins linéaire dans sa construction, avec des morceaux qui se détachent mieux les uns des autres. Là où auparavant on avait un bloc épuisant où nous subissions le martèlement de la double grosse caisse de Zimmermann sans pouvoir vraiment reprendre notre souffle, nous avons droit à une variété dans les tempos qui fait du bien, même si il y a toujours une bonne majorité de morceaux speed.

Sur cet album, le groupe ouvre et ferme sur deux tueries Power Metal, de façon à faire un alpha et un omega à cet album, un carcan où le reste aurait sa vie propre. Cela commence doucement et cela se termine doucement. Pour des poignées de secondes, avant que le groupe ne rentre dans le vif du sujet de façon incisive ou après nous avoir donné une leçon dont nous ne sommes pas prêts de nous relever. Pour son premier titre et son dernier titre, l’album mérite que l’on pose une oreille dessus. Et de nombreuses pépites entre les deux également.

À commencer par une reprise lumineuse, celle du "It’s A Sin" des PET SHOP BOYS, réinterprétée avec beaucoup d’intelligence et de finesse (oui, ça arrive chez les Allemands). On appréciera également l’apport mélodique d’un Henjo Richter qui propose des morceaux qui sortent du lot, des mid-tempos principalement, le genre de titres que Kai Hansen aurait pu composer à une époque ("Send Me A Sign" aurait pu figurer sur un album d’HELLOWEEN). Après, on peut se dire que "Razorblade Sigh" se rapproche de JUDAS PRIEST, que "Heavy Metal Universe", c’est le genre de morceau un brin lourdingue qui correspond plus à MANOWAR, on peut également regretter l’inutilité d’un "Short As Hell", mais globalement, "Powerplant" est un disque qui se tient plutôt bien.

Après, il faut bien en profiter, de ce disque, qui garde un esprit proche de l’essence de ce qu’était GAMMA RAY dans les années 90. Dès l’album suivant, les choses vont grandement se gâter pour le groupe à travers ce qui sera une période où les clins d’œil et hommages aux groupes de référence du Heavy vont rapidement devenir très gênants pour tout le monde.