Décidément, il ne fait pas bon d’être guitariste au sein de KISS en cette première moitié d’années 80 quand on ne s’appelle pas Paul Stanley. En effet, après Ace Frehley et Vinnie Vincent, c’est au tour de Mark St John d’abdiquer pour raison de santé. Et c’est Bruce Kulick, frère de Bob, qui lorgnait dessus depuis un moment, qui hérite du poste. Et lui, il a compris que pour tenir dans la place, il a intérêt à ne pas trop se la ramener. En revanche, il va mettre la main à la pâte et ainsi se faire remarquer au sein du public.

Ses soli et son feeling sont différents de ceux de son prédécesseur, il se veut bien plus fiable et agréable à l’oreille. Est-il pour autant aussi sauvage qu’un Vinnie Vincent ou aussi différent dans ses riffs que pouvait l’être Ace Frehley ? Non. Il reste dans une certaine forme conventionnelle pour KISS et va rapporter un côté plus Rock’N’Roll qui semblait s’être éclipsé depuis le début de la décennie. Il va faire le job sans faire de vagues en somme.

Musicalement, nous sommes pleinement dans la continuité du précédent, "Animalize", avec un Paul Stanley en forme (allié à Desmond Child, il fait des merveilles, comme le prouve l’ouverture lumineuse qu’est "King Of The Mountain", l’un des meilleurs morceaux de KISS des années 80 avec "Trial By Fire", "Heaven’s On Fire" ou "All Hell’s Breakin’ Loose"). Il porte en grande partie l’entité KISS sur ses épaules vu qu’à l’exception de "Trial By Fire", Gene Simmons est plus accaparé par sa carrière au cinéma que par ce qui se passe dans le groupe. Et cela se ressent sur ses compositions, qui servent plus de remplissage qu’autre chose.

Et de ce fait, "Asylum" est en déséquilibre constant, alignant le meilleur comme le pire. Et heureusement pour KISS que Stanley ne lâche pas l’affaire, il permet au groupe de garder la tête hors de l’eau sans avoir à se prostituer pour cela. Après, difficile de nier que KISS est complètement dépassé par la nouvelle vague de l’époque, les MÖTLEY CRÜE, VAN HALEN (enfin, plus si jeunes eux déjà) ou encore WASP, dont les membres ont grandi en écoutant KISS pour la plupart. Le côté larger than life s’estompe un peu, d’autres vont plus loin. Mais KISS conserve une certaine aura, une espèce de respectabilité à laquelle ils se raccrochent.

"Asylum" est donc un disque de plus dans une discographie qui devient de plus en plus conséquente, mais un assez bon disque dans l'ensemble. Mais il montre que les musiciens, enfin surtout Paul Stanley, ont bien passé le cap des années 80 et là où certains groupes ont eu énormément de mal à rester dignes durant cette décennie, KISS semble tenir le coup. Cela ne durera plus très longtemps.