Lorsque IRON MAIDEN sort "Powerslave" en 1984, il fait déjà figure de valeur sûre du heavy metal malgré le jeune âge de ses membres (à l'époque, bien sûr). Il faut dire que les précédents opus contiennent un nombre considérable de pépites et beaucoup de gens pensent légitimement que IRON MAIDEN a peut-être de meilleures cartouches encore à fournir. Le groupe est également attendu au tournant car, la même année, JUDAS PRIEST (avec "Defenders Of The Faith") a frappé très fort et, en provenance des USA, une ribambelle de jeunes loups affamés a envie de tout casser sur son passage (MÖTLEY CRÜE, RATT, DOKKEN pour le Hard US, METALLICA, SLAYER pour le Thrash). La bande à Steve Harris n'a donc pas le droit à l'erreur.

La pochette de "Powerslave" est bien différente de ce à quoi le combo britannique avait habitué le public auparavant, puisque le visuel fait référence à l'Egypte, aux pharaons. Artistiquement, c'est du grand art ! Et musicalement ? Et bien, messieurs-dames, ça le fait grave !!! C'est simple, à chaque chanson, on a la sensation que le groupe est touché par la grâce, qu'il transforme en or tout ce qu'il touche. Les 2 premières salves, le speedé "Aces High", qui a un côté rouleau compresseur plus que prononcé, et le mid-tempo "2 Minutes To Midnight", prenant aux tripes, s'imposent comme 2 classiques incontournables du groupe. Rien que ça. "Powerslave" et l'épique "Rime Of The Ancient Mariner", 2 compos hyper-travaillées qui clôturent l'album, ont le don de transporter l'auditeur dans des sphères majestueuses où l'on ne désirerait qu'y rester. Et entre ces 4 mastodontes, IRON MAIDEN ne s'est pas privé de sortir l'artillerie lourde: l'instrumental "Losfer Words" (qui serait presque anecdotique en comparaison avec le reste de l'album), les très offensifs et percutants "Flash Of The Blade" et "Back In The Village", ainsi que le plus modéré "The Duellists" enfoncent un peu plus le clou.

Ajoutez à cela que Bruce Dickinson se montre imperial au chant, que le tandem guitaristique Dave Murray/Adrian Smith offre une véritable leçon de maîtrise, tant au niveau des soli que des riffs, que Steve Harris a peut-être donné le meilleur de lui-même sur album studio, au point de donner aux compos une dimension hors du commun, et vous êtes en présence d'une des pierres angulaires du Heavy Metal. Un des chefs-d'oeuvre des 80's, tout simplement.

A l'heure où j'écris ces lignes, c'est-à-dire 26 ans après sa sortie, "Powerslave" n'a pas pris une ride. Il est très difficile de hiérarchiser les albums de IRON MAIDEN parus dans les 80's tant ils ont placé la barre très haut, au point de représenter le Top absolu du Heavy Metal. Mais si on me demande de désigner celui que je préfère, et bien c'est celui-là.