Quand on prononce rapidement et à la franchouillard le titre de cet album d’EXODUS, ça donne un truc du style « Force d’la Bite », ce qui je vous le concède ne ferait même pas un bon titre pour un film porno.

Bon, je suis pas super fier de cette intro, mais au moins je suis sûr qu’avec les mots « bite » et « porno » j’aurais votre attention quelques lignes. C’est déjà ça. Non, parce que vous commencez à vous en doutez, arriver à passionner les foules avec cet album d’EXODUS relève de l’exploit.

On savait que le groupe était instable, porté sur la drogue et « malchanceux » d’un point de vue général ; mais il survivait bien à tout ça. Ils arrivaient à s’en sortir. A chaque nouvel album, EXODUS présentait un autre visage tantôt affaibli ("Pleasure Of The Flesh"), tantôt surprenant ("Fabulous Disaster"). Ça forçait un peu le respect : on avait envie d’y croire. Un album comme "Fabulous Disaster" à titre d’exemple faisait figure de réaction classieuse et laissait entrevoir le meilleur – ou du moins des jours meilleurs.

Puis "Impact Is Imminent" a annoncé la couleur. On avait de quoi bien flipper pour son successeur.

C’est bien simple, avec "Force Of Habit", j’ai rarement entendu un Thrash aussi plat. Quand on connaît le potentiel du groupe, c’est terriblement décevant. Ou est passée la férocité d’antan ? A peine Heavy, "Force Of Habit" est l’album d’un groupe autrefois culte tournant au ralenti. Les compos sont soit insupportables, soit insignifiantes. L’ensemble est écoeurant.

Alors j’aurais pu essayer de sauver de ce charnier quelques points positifs : quelques bons riffs, une bonne production... Alors j’aurais pu essayer de vous aguicher avec "Architect Of Pain" (11 minutes de Thrash alambiqué faisant référence au Marquis de Sade... quand même !), les relents presque « Rock » qui donnent une coloration particulière à cet album ("Bitch" et "Pump It Up") ou encore les paroles humoristiques de "Feeding Time At The Zoo"... Mais pfou, franchement, j’ai pas la force de vendre le machin. Ça ne vaut pas le coup, puis il y a tellement d’autres bons albums de Thrash à découvrir.

Les quelques soubresauts que l’on peut constater ("I Count Your Blessings") ne sont que les réactions post-mortem d’un groupe qui appartient désormais au passé. "Force of Habit" est la balle qu’on se tire lucidement en pleine tête quand la situation est désespérée.

Voilà, c’est terminé. La messe est dite. EXODUS a renoncé à se débattre : ils coulent et ils le savent. Je ne vais pas en faire encore des lignes et des lignes. "Force Of Habit", c’est le grand Waloo d’EXODUS (n’en déplaise à ZAPPA) : le vide intersidéral. Tiens depuis que je chronique sur Nightfall, c’est la première fois que je me rends compte qu’on ne peut pas coller de 0/5. Le zéro de la honte. Le zéro de la déception. Du coup, je suis obligé de l’écrire avec mes petits doigts.

Note : 0,5/5

Morceau préféré du Canard : "I Count Your Blessings".