Je me suis dit en voyant la pochette que si le contenu était aussi peu inspiré, ça risquait d’être catastrophique… malheureusement, je n’étais pas loin de la vérité ! Pourtant, lors des interviews peu avant la sortie du disque, Glenn Tipton nous promettait un mélange de "Painkiller" et de "Turbo". Et ben, on ne doit certainement pas avoir écouté le même album !!! "Demolition" ??? Ce qu’ils vont finir par démolir nos chers Glenn et K.K., c’est la crédibilité de ce grand groupe qu’était Judas Priest.

En l’écoutant pour la première fois, je me suis dit que ça passait beaucoup mieux que le précédent opus mais avec le recul (et c’est peut-être un comble !), je préfère quand même "Jugulator". Il y a bien sûr quelques chansons à sauver sur ce disque : les deux balades ("Close To You" et "Lost And Found") sont très réussies et nous rappellent la grande époque, mais bon, question truc qui arrache, qu’a-t-on de vraiment potable ? Eh bien, à mon sens, "Feed On Me" est vraiment très bon avec une flamme qu’on avait pas revu depuis bien longtemps dans les compositions du groupe. Bien sûr, "Machine Man", "One On One" et à la limite "Bloodsuckers" passent également bien mais ce n’est pas en allant pomper des riffs chez Rammstein (avec "One On One") que les légendes vivantes du heavy britannique nous feront croire que l’évolution personnelle est une constante chez Priest. Bien sûr qu’un groupe se doit d’évoluer, mais de là à vouloir à tout prix sonner « jeune » pour attirer les « kids »… Parce que franchement, le reste va de « passable » à « imbuvable ». Désolé de paraître aussi intransigeant mais Priest est le groupe qui m’a le plus déçu ces dernières années et j’aurais préféré qu’ils nous pondent un "Load" (j’adore justement !!) par exemple :)
Alors je sais bien qu’ils ne peuvent pas sortir éternellement des "Screaming For Vengeance" ou des "Painkiller" mais franchement "Hell Is Home", "Jekyll And Hyde", "Devil Digger", "In Between", "Subterfuge", "Cyberface", vous trouvez vraiment que ça le fait ??? Et bien moi, pas du tout !! Et que dire de "Metal Messiah", le morceau qui clôt l’album, doté d’un refrain excellent mais de couplets sabotés (c’est pour faire plaisir aux fans de Limp Bizkit qu’ils ont trouvé indispensable de mettre ce genre de fusion ???). Alors, quand on lit les interviews de Glenn Tipton qui glose sur l’intégrité et l’évolution, ça me fait doucement rigoler. C’est d’autant plus regrettable que Ripper Owens sort vraiment son épingle du jeu. Alors que font Ian Hill et Scott Travis ? Pas le droit d’ouvrir leur gueule ? Ou sont-ils de mèche dans cet état de fait ? Et pour couronner le tout, Chris Tsangarides qui devait se charger de la production est indisponible et laisse finalement son siège à Glenn qui une fois de plus, se sent obligé de rajouter des bruitages partout et n’importe où, ce qui nuit encore un peu plus à l’album (déjà qu’il n’en avait pas besoin !). Résultat : cet album serait tout à fait bon s’il n’était composé que des 6 meilleurs titres. Malheureusement, en le remplissant jusqu’à la gueule, c’est devenu une galette très indigeste !!

Alors bien sûr, les comparaisons avec Halford font mal, très mal. D’ailleurs, avec toutes les rumeurs de re-formation, on fantasme souvent sur ce que pourrait être un nouveau album du Priest avec son emblématique ex-chanteur… Mais je crois que même si cela arrive un jour, il y aura un gros boulot à faire au niveau de la composition des morceaux, n’est-ce pas messieurs Tipton et Downing ? Il est temps de se réveiller. Car utiliser un rouleau compresseur et enlever tout feeling n’est certainement pas le meilleur moyen de perpétuer la santé du Prêtre qui a force de vouloir rester jeune, commence à se prendre les pieds dans le tapis. Malheureusement, ce "Demolition" écrase un peu trop et nous laisse vraiment très dubitatif quand à l’avenir du groupe. Une preuve ? Et bien, c’est simple : prenez un concert et relevez le nombre de chansons extraites de cet album… alors ? Une ? Voire deux. Je crois que même "Jugulator" est mieux lotti. Pour un groupe qui veut à tout prix regarder vers l’avenir, ce dernier album est peu représenté… Alors c’est triste à dire, mais maintenant que Ripper a fait ses preuves, c’est à Glenn et K.K. de nous prouver qu’ils peuvent toujours nous pondre des trucs énormes. On peut garder espoir mais en attendant, déception, quand tu nous tiens…