Cette kro-express était à l'origine la chronique principale avant d'être réécrite par JEFF KANJI

Si on fait le bilan de la première partie de la carrière de PRIMAL FEAR, on peut légitimement dire que "Nuclear Fire" est le plus intéressant. Et mine de rien, c'est un sacré paradoxe.
Houlà, j'en vois qui froncent les sourcils... Je sors le dico.
Paradoxe : énoncé en contradiction avec la logique, le bon sens.

Et oui, c'est quand même pas bien logique de se dire que c'est quand il se rapproche le plus de groupes existants que PF arrive à enthousiasmer. Ici, c'est à JUDAS PRIEST (comme d'hab'... D'ailleurs Ralf inaugure ici son look à la Halford) et GAMMA RAY (groupe précédent de Ralf) que les Allemands font du pied avec une insistance presque embarrassante.

"Angel In Black", "Kiss Of Death" et "Back From Hell" constituent trois hommages aux Anglais, et particulièrement à "Painkiller". On pense respectivement à "Painkiller", "Hell Patrol" et "Metal Meltdown". On est d'ailleurs pas loin de la repompe pure et simple par moments.
Si on prend les choses du bon côté, on constate que le groupe en profite pour appuyer un peu sur l'accélérateur ("Back From Hell" reste le morceau le plus Speed de leur répertoire, et on trouve quelques passages très nerveux sur "Fight The Fire"). Ça fera plaisir à ceux qui leur reprochent d'accumuler les mid-tempi linéaires.

Pour ce qui est des œillades à GAMMA RAY, il faut aller fouiner du côté de "Red Rain" et "Nuclear Fire". Écoutez bien... Ces riffs harmonisés plus fins que d'habitude, ces tempi rapides, ces refrains chantants sans chœurs de bûcherons derrière... Pas de doute, on navigue en plein Speed Mélo. Là encore, ça surprend (un peu) de la part d'un groupe qui nous avait habitués jusque là à une avalanche de riffs grassouillets sans subtilité.

Le groupe s'essaye même à deux nouveaux exercices : le "Metal hymn" avec "Living For Metal", pour un résultat, euh... Contestable, on va dire. Et la ballade pure et dure, sans gros riffs, avec "Bleed For Me", et ce petit accès de subtilité fait du bien par où il passe.
Le reste de l'album ? Du PF classique de chez classique. Je ne m'étendrai pas dessus, vous savez à quoi ça ressemble : du mid-tempo groovy, basse en avant ("Eye Of An Eagle"), de la semi-ballade ("Now Or Never"), du rapide rentre-dedans avec refrain à hurler ("Fire On The Horizon")... Bref, rien de neuf sous le soleil de ce côté-là.

Au final, on tient là un album plutôt réussi. Le groupe prend conscience que sa formule habituelle risque de lasser et décide d'élargir son champ d'action, de varier son propos et d'insister sur la mélodie. La démarche est un peu hésitante, le groupe se repose encore trop sur ses modèles, comme s'il avait peur de vraiment se lancer, mais l'initiative est à saluer.
Et vu que le résultat tient franchement la route, on ne va pas se plaindre. Le groupe, conscient de sa réussite, tentera même de nous refaire le coup l'année suivante avec "Black Sun", mais le résultat sera pas franchement à la hauteur.
M'enfin, c'est une autre histoire.