Mark V

Ritchie : Bon, Ian est parti.
Roger : Yeah ! Youhou ! Youhou ! Youhou ! Et viva Ritchie !
Ritchie : … Non mais ce n’est pas la peine d’en faire autant Roger…
Roger : Ouais, mais la dernière fois, j’ai été viré quoi ! Euh… Vous rappelez David ?
Jon : Bonne idée !
Ian : Oh oui, avec David, on va avoir plein de femmes à nos concerts !
Ritchie : Non, j’ai mieux, vous allez voir !

Ritchie Blackmore, c’est un truand. Un putain de manipulateur qui aime avoir la mainmise sur à peu près tout. S’il était un personnage de Sherlock Holmes, ce serait sans le moindre doute l’énigmatique professeur Moriarty. En même temps, une fin dans les chutes de Reichenbach correspondrait bien au personnage. Blackmore, il n’a refait du DEEP PURPLE que pour le pognon, soyons bien clair, il se sentait nettement mieux dans RAINBOW où il était le seul maître à bord. Alors il va faire quelque chose de fou et d’osé, il va faire venir Joe Lynn Turner, qui fut à cette époque le dernier chanteur de l’Arc-en-Ciel, pour remplacer un Ian Gillan démissionnaire. Le mec, il n’a vraiment, mais alors vraiment peur de rien.

Et forcément, "Slaves And Masters", ce n’est pas tout à fait un album de DEEP PURPLE, c’est quasiment un album de RAINBOW, les lignes mélodiques et la voix de Turner faisant beaucoup pour cela. Ce disque est plus fluide que "House Of Blue Light", son prédécesseur, il est également plus fringant. Blackmore se fait vraiment plaisir à la guitare, il retrouve une liberté qui lui fait du bien, un affranchissement par rapport au son plus lourd d’un DEEP PURPLE qui lui convient très bien. C’est simple, "Slaves And Masters" pourrait être dans la continuité de "Bent Out Of Shape".

Et vous voulez savoir la meilleure ? Le disque est bon. Vraiment bon (mais faut pas charrier non plus, il est bon). On sent un groupe apaisé (peut-être un peu terrifié par l’Homme en Noir aussi), qui reprend du plaisir à jouer et ça se traduit à travers des morceaux comme "King Of Dreams" ou "Fortuneteller" (magnifique). On peut également citer "Wicked Ways", un final majestueux pour un album qui va toutefois connaître des pics de creux. Avouez que c’est paradoxal. Par exemple, "Too Much Is Not Enough" ou "Breakfast In Bed" sont deux moments particulièrement faibles de cet album.

Alors on tient peut-être là un disque de DEEP BOW ou de RAIN PURPLE, mais qu’importe ! Il reste encore agréable à écouter aujourd’hui et la voix de Joe Lynn Turner n’a rien d’une tare, elle s’accommode plutôt bien des morceaux qui lui sont proposées, sans laisser la pression lui broyer les épaules. "Slaves And Masters" sera en revanche le seul opus du Mark V, qui aura été tout aussi éphémère que le IV. Mais cette fois-ci, ce ne sont pas les drogues qui auront raison de la patience des musiciens…