Mû par la volonté de donner une seconde chance aux albums maudits de groupes majeurs, je décide, après "Lulu" de METALLICA, de m’attaquer à "Chinese Democracy". Si ma tentative sur les Four Horsemen s’était soldée d’un échec cuisant et d’une bonne crise de nerfs, le bilan n’est pas ici bien meilleur il faut l’avouer. Plus un projet solo d’Axl que l’œuvre d’un véritable groupe, l’enregistrement s’est étalé sur plus de dix ans, et aura usé nombre de musiciens, dont Brian May himself, même si ses parties ne seront au final pas retenues sur le disque. Je ne suis pas d’ailleurs certain qu’on sache réellement quels sont les musiciens qui ont joué sur quelle partie de l’album.

Précisons également à toutes fins utiles qu’il m’a fallu réécouter l’album avant de poster cette bafouille, tant celui-ci m’avait laissé de marbre à sa sortie, ne parvenant à inscrire que peu de mélodies dans mon inconscient. Mais ce n’est pas le pire. Non, le pire, c’est l’absence d’âme de cet album, ce qui n’est malheureusement pas une surprise, vu les conditions dans lequel il a été conçu. Si on enlève la voix si caractéristique des GUNS, on est en présence d’un LP Hard Rock/Heavy lambda, malgré des tentatives de camouflage plutôt grossières (une petite saillie de leads de gratte en fond à l’ancienne, l’inspiration en moins). Les compositions sont dans l’ensemble plutôt fades quand elles ne sont pas pompeuses. Un titre comme "There Was A Time" résume à lui seul le sentiment d’ensemble, accolage de parties peu cohérentes les unes avec les autres, soli auto-parodiques et omniprésents au détriment de rythmiques sèches et instinctives, groove inexistant.

L’avenir ne sera pas plus Rose (mouarf) pour le groupe. Pour ceux qui pensaient que l’esprit des GUNS était parti avec Slash et Duff, voire d’Izzy pour les plus jusqu’au-boutistes, ils se sont trompés. Il est simplement mort, quelque-part dans les excès et pendant l’enregistrement des deux volumes de "Use Your Illusion", car le groupe ne retrouvera jamais sa splendeur passée, la dernière sortie pour l’anniversaire de "Appetite For Destruction" ayant douché les derniers espoirs (non mais franchement, "Absurd" porte tellement bien son nom).

Restent un "Better", un "Madagascar", voire la jolie balade "This I Love" qui n’auraient peut-être pas dépareillé sur le double-album de 1991, si la production avait été un peu moins prétentieuse. Au moins, les titres se tiennent et procurent un semi-frisson aux fans épleurés, quand bien même la batterie semble sortie d’une boîte à rythme, le feeling ayant visiblement été laissé dans les loges, comme le formulait si bien Lanvin auprès de ses meilleurs copains. Autre point positif, le chant d’Axl est plutôt bon, surtout lorsqu’il évolue dans les graves. Il manque en revanche cruellement à ce (trop) LP un petit peu d’énergie, l’ensemble restant très très mou du genou, mais j’imagine qu’il s’agit là d’une volonté assumée de l’artiste plus que d’une réelle faute. N’empêche qu’on s’emmerde quand même franchement sur plus de 70 minutes.

Note : 2/5, pour quelques titres qui, pris individuellement, évitent le naufrage absolu.