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BLIND GUARDIAN - Tales From The Twilight World (1990)
Par JEFF KANJI le 4 Juin 2018          Consultée 7573 fois

Désireux de prendre en main sa carrière, le quartette de Krefeld profite des deutsche marks durement gagnés lors de sa tournée "Follow The Blind" pour investir dans un enregistreur 16-pistes, pour pouvoir fignoler au maximum ses idées et transférer sur bandes ce qu'il a dans la tête. Cet intense travail en salle de répétition va très largement porter ses fruits et montrer à quel point BLIND GUARDIAN aura su évoluer en très peu de temps finalement, car "Tales From The Twilight World", qui sort en octobre 1990 marque une vraie rupture par rapport aux deux premiers albums.

Les démos sont depuis 2007 disponibles en partie sur la réédition de l'album et sur "Memories Of A Time To Come", les autres sur le cd "Extraordinary Tale" présent dans le coffret "A Traveler's Guide To Space And Time", seul "Weird Dreams" n'a pour l'instant pas été remise à la disposition des fans ; elles permettent de constater à quel stade de perfectionnement les Allemands ont poussé leurs compositions, tant les différences avec les versions album sont minimes. Une nouvelle fois enregistré avec son ingé-son de toujours Kalle Trap, BLIND GUARDIAN fait bien davantage que pousser les murs sur son troisième album et met en place tous les éléments qui feront la réussite du groupe ; les guitares harmonisées et les chœurs amples, tous les deux empruntés à QUEEN, un riffing toujours sauvage (l'instrumental "Weird Dreams" particulièrement bien troussé avec son gimmick, réminiscence du "Sir Duke" de Stevie WONDER) mais plus sophistiqué, dans l'esprit d'un QUEENSRΫCHE voire d'un FATES WARNING et l'arrivée d'éléments Folk celtisants.

Dès "Traveler In Time" qui évoque l'univers de Dune, confirmant le tournant plus sérieux des textes d'Hansi Kürsch depuis "Follow The Blind", on comprend que le groupe a changé. Tout le monde chante mieux, et André Olbrich prend définitivement l'ascendant au niveau des guitares qui commencent à varier énormément les harmonies, même si Marcus n'est pas en reste (notamment sur "The Last Candle" la perle cachée de cet opus avec ses chœurs en contrepoint qu'utilisera beaucoup son modèle SAVATAGE quatre ans plus tard, et le solo de Kai Hansen). L'écriture de ceux qu'on appelle pas encore bardes (ça arrivera avec l'album suivant) est incroyablement mature déjà, même si le groupe ne renie pas son passé, avec des "Tommyknockers", "Goodbye My Friend" (sorte de nouveau "Banish From Sanctuary") ou "Altair 4" qui auraient tout à fait eu leur place sur l'album précédent, avec leur vitesse effrénée, sans temps mort et ces chœurs à l'unisson plus scandés que chantés.

Mais à côté de ça, plus de la moitié des compositions sont épatantes de maturité et développent davantage le potentiel que des titres comme "Majesty" ou "Valhalla" ont mis en exergue. "Traveler In Time" et son refrain hymnique et ses chœurs impérieux, ou encore "Welcome To Dying" et ses ruptures de tempo, "Lost In The Twilight Hall" et son duel vocal vertigineux entre Hansi Kürsch et Kai Hansen (qui lâche un de ces screams Halfordiens dont il a le secret) et ses mélodies de guitare entêtantes, "Lord Of The Rings" avec sa délicatesse mêlée de mystère parfaitement orchestrée avec le contraste entre les parties acoustiques et électriques et les soli lancinants de Marcus Siepen... Ou encore "The Last Candle" qui montre comment pratiquer un Power Metal à la fois pur et sophistiqué avec cette intro furieuse, portée par les chœurs introductifs.

Ces chœurs sont une vraie force pour le groupe qui n'a pas encore pris la démesure des opportunités que cela va lui apporter, mais force est de constater qu'ils sont à l'origine du premier et du dernier titre de l'album, comme si le groupe voulait faire passer un message. BLIND GUARDIAN s'est en bonne partie délesté des côtés chiants de ses premiers opus pour proposer beaucoup plus de mélodies et de passages marquants. Nous avons affaire à un artiste en pleine éclosion, et cette dernière dépasse les attentes malgré ses faiblesses résiduelles. Nous avons cinq titres qui font toujours partie des setlists du groupe aujourd'hui (même s'il ne se prive pas d'un petit "Goodbye My Friend" de temps à autres), et hormis "The Last Candle", ils se feront bien évidemment une place de choix sur "Tokyo Tales" en 1993.

No Remorse Records est alors au bord du gouffre financier et ne va pas tarder à péricliter. C'est alors que Virgin entre en scène mettant les moyens nécessaires à la diffusion de la musique de BLIND GUARDIAN, qui tournera alors pour la première fois hors d'Allemagne (se contentant de l'Autriche et la Suisse dans un premier temps) en compagnie d'ICED EARTH. Et pourtant ça a mal démarré à cause de problèmes de santé de Thomen Stauch, forçant le groupe, réticent à embaucher un autre batteur, à annuler ses premières dates et décaler sa tournée de six mois, ce qui expliquera aussi en partie l'attente autour de la sortie de "Somewhere Far Beyond" en 1992. Les médias commencent à s'intéresser au groupe qui fait également une percée au Japon où il restera classé presque six mois dans les charts Import. Et au passage, nous avons là la première des magnifiques illustrations que proposera Andreas Marschall pour le groupe auquel il restera fidèle jusqu'à la fin des années 90, rehaussant sacrément le niveau des deux premiers albums. La carrière de BLIND GUARDIAN est définitivement lancée.

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- André Olbrich (guitare, chœurs)
- Hansi Kürsch (chant, basse)
- Marcus 'magnus' Siepen (guitare, chœurs)
- Thomen 'the Omen' Stauch (batterie)
- -
- Kai Hansen (chant sur 6, solo sur 9, chœur)
- Matthias Wiesner (fx)
- Thomas Hackmann (chœurs)
- Rolf Köhler (chœurs)
- Kalle Trapp (chœurs)
- Piet Sielck (chœurs, fx)


1. Traveler In Time
2. Welcome To Dying
3. Weird Dreams
4. Lord Of The Rings
5. Goodbye My Friend
6. Lost In The Twilight Hall
7. Tommyknockers
8. Altair 4
9. The Last Candle
10. Run For The Night (live)



             



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