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LUNAR AURORA - Zyklus (2004)
Par MEFISTO le 10 Septembre 2009          Consultée 6384 fois

LUNAR AURORA bombardera deux albums en 2004, fruits de leur labeur en 2001 et 2002 : "Elixir Of Sorrow" en mars et "Zyklus" en novembre. Une instabilité du côté des labels les aura contraints à repousser la sortie de leurs deux monstres. Qu'à cela ne tienne, cette longue période d'incertitude s'achevait avec la création du label Cold Dimensions (notamment bailleur de fonds de BATTLE DAGORATH et TRIST), par nul autre que… Whyrhd ! On n'est jamais mieux servi que par soi-même !

Les tracas d'organisation en moins, LUNAR AURORA, toujours trio, pouvait se lancer tête baissée dans la confection de ses nouvelles compos. Petit changement technique : Sindar s'empare cette fois de la basse, ne laissant à Whyrhd que la paperasse et la deuxième gratte, tentée sur l'inoubliable "Elixir Of Sorrow" et qui s'est montrée très efficace en faisant progresser largement le son du groupe. Les Allemands étaient ainsi en « business » et les jours heureux se multipliaient.

Premier constat : la pochette poétique (la plus belle de la courte histoire du groupe) sur laquelle on voit un squelette armé d'une arbalète ! Deuxième : le nombre de pistes (4). On comprend d'hors et déjà que le baptême de Cold Dimensions sera particulier. Un concept album peut-être ? Effectivement… "Zyklus" veut dire « cycle » en allemand. Pour bien comprendre où LUNAR AURORA veut en venir, il faut traduire le titre des plages : "Der Morgen" (demain, ou matin pour simplifier), "Der Tag" (le jour), "Der Abend" (le soir), "Die Nacht" (la nuit). Nous suivons donc les zicos tout au long d'une journée… Vingt-quatre heures qui s'annoncent chargées, comme une vie peut l'être ! Le groupe nous prouvera avec une dextérité saisissante que la roue ne cesse de tourner et qu'après tout, l'existence n'est qu'un cycle composé de jours s'égrenant comme le contenu d'un sablier. Les paroles de "Zyklus" sont en fait très énigmatiques et se promènent de la lumière du matin (la naissance), à la chaleur du jour (la croissance), jusqu'à la tiède soirée (le vieillissement) et la nuit (la mort). Du printemps à l'hiver de la vie…

Pour un nouveau départ, c'en est tout un ! Et LUNAR AURORA sera techniquement à la hauteur de ses ambitions : "Zyklus" n'est pas simplement original sur la planche à dessin, il est constellé de grands moments musicaux qui respectent largement les balises que s'est imposées le groupe.

Le matin. Gazouillis d'oiseau, respirations florales, la nature se réveille avec "Der Morgen". Le soleil se pointe graduellement, les riffs s'étirent en parallèle, la voix d'Aran se réchauffe en murmurant. La scène est propre, prête à être foulée. Quatre minutes passent et le matin brûle déjà la peau avec ses rayons acérés et son atmosphère mirifique. LUNAR AURORA est méconnaissable, déjà. Tant mieux. Les ravages seront uniques. Les instruments semblent flotter dans une poche aérienne embaumée du gazouillis des oiseaux et des respirations florales. Un nouveau jour se lève, plein d'espoir. Le compte à rebours est commencé, la virtuosité est au rendez-vous. La journée sera sauvagement belle et mélodique, comme on les aime. Les derniers souffles de la matinée augurent bien, costauds et planants... La naissance.

Le jour. Bourdonnements de moustique, élévation de la chaleur terrestre dans les corps, le soleil est bien haut dans le ciel avec "Der Tag". La fin de la matinée laissait présager un tel déchaînement, LUNAR AURORA est au boulot et il bosse dur. Les Allemands subjuguent par leur étonnante mutation en artistes conceptuels et se dévouent à leur tâche avec prestance : leur apprentissage en accéléré sous le zénith est violemment onirique et se termine de manière précoce… La croissance.

Le soir. Le soleil rougeoie et se prépare à tirer sa révérence, les tambours de la pénombre se réveillent à leur tour, les bêtes nocturnes sortent de leur torpeur avec "Der Abend". Aran, Sindar et Whyrhd pénètrent dans la forêt de leur destinée sous le couvert déclinant de la boule jaune. Les étoiles seront hautes et brillantes ce soir, un fleuve plus tranquille viendra éteindre le feu intérieur du jour et asseoir une ambiance mystique. LUNAR AURORA est dans son royaume, perdu au cœur d'une nuit naissante, baignant dans un air léger pimenté de secousses organiques. Il hypnotise tous ses sens et endort la douleur encaissée durant le jour. Adossé contre son arbre, il contemple son travail abattu tout au long de sa vie précipitée et se réfugie, sagement rebelle, dans un cocon de grandeur atmosphérique. Le vieillissement.

La nuit. Univers goudronné, esprits torturés, LUNAR AURORA profite de la noirceur pesante avec "Die Nacht". Fatigué de sa longue journée, le combo trébuche dans une transe frigorifique aux tempos cassés. Le voile ébène se dresse devant tout signe de vie, les abeilles et les oiseaux sont disparus, la chaleur aussi, les bêtes ont pris le relais et règnent sur l'intangible climat mortuaire se profilant sous les étoiles. Les yeux fermés, l'imaginaire bosse aussi dur que durant le jour, mais se repose en volant sur les flots coulant des doigts allemands couronnés. La nuit est sombre, sauvage et belle comme on l'aime, l'horreur inconsciente s'allie au confort pour stimuler le groupe, victime d'une introspection insondable. Les volutes de fumée blanche s'éparpillent soudain pour que la nuit roupille à son tour dans une quiétude macabre. La guitare est douce, comme l'atmosphère, on entend le plexus des morts se soulever et redescendre dans une paisible cadence. Les derniers grains du sablier tombent comme des gouttes de pluie sur un lac argenté, alors que l'aura de la Lune s'empare du pouvoir céleste. C'est à ce moment que l'ultime souffle d'énergie se manifeste, serment devant l'éternel que le cycle achevé se perpétuera, dans cette vie… ou dans l'autre. La mort.

LUNAR AURORA a achevé son cycle. Pas juste celui de cette journée prosaïque, il a bien vieilli et fait macérer sa créature à point. Au sommet de son art, il domine son ombre et triomphe, bienveillant. Du grand Black, du très grand Black.

4,5/5.

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- Aran (chant, guitare, batterie)
- Sindar (basse synthé)
- Whyrhd (guitare)


1. Der Morgen
2. Der Tag
3. Der Abend
4. Die Nacht



             



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