Une chose est certaine, RAMMSTEIN ne compte pas reproduire l'erreur de "Rosenrot" qui consistait essentiellement en une précipitation dont l'ambition était aussi de conquérir les USA dans le sillage de "Reise Reise". Et il faut surtout rappeler que RAMMSTEIN a conclu cette ère de façon magistrale, effaçant son revers par un Live monumental tourné aux arènes de Nîmes ("Benzin" en avait d'ailleurs réchappé de justesse, alors que d'autres titres auraient peut-être mérité plus d'égards, le groupe décidera ainsi de ne pas tourner spécifiquement pour défendre "Rosenrot").

Ainsi, trois années supplémentaires seront nécessaires à la confection du successeur du décrié cinquième méfait. Et RAMMSTEIN va pour cela pousser son sens de la provocation au maximum en proposant un titre alternant paroles en allemand et en anglais… Et au prix d'une réalisation et d'un montage des plus minutieux de Jonas Åkerlund, proposer un clip pornographique désopilant qui fera évidemment un carton, sans doute bien au-delà du public jusque là déjà nombreux de RAMMSTEIN. Claviers à la DEPECHE MODE dehors, texte direct (quoique facilement interprété de travers, comme souvent avec RAMMSTEIN, barrière de la langue allemande oblige) et rythmique martelée (avec son énorme bien entendu, les guitares n'ayant jamais sonné aussi organiques que sur ce sixième album).

Et derrière "Pussy" ? Et bien il y a dix autres titres continuant dans la recherche de textures variées, avec un résultat pour le moins réussi, même si "Liebe Ist Für Alle Da" ne réitère pas la performance de son aîné de cinq ans. J'ai parlé de guitares massives mais organiques, mais il ne faudrait pas passer sous silence la performance de Christoph Schneider dont le son est définitivement détaché des performances façon boîte à rythmes des jeunes années. En un sens, cet album, par la façon dont il sonne et la puissance de ses riffs, est peut-être le plus Metal de RAMMSTEIN, au sens traditionnel du terme.

Et il ne manque pas de passages bien destructeurs, comme les mises en place de "Wiener Blut", ce "Rammlied" qui répond avec la manière au "Rammstein" de '95, le proprement bourrin "Bückstabu" ou encore "Waidmanns Heil" même s'il doit beaucoup à "Weißes Fleisch". Alors ça ne marche pas à chaque fois, l'éponyme ou encore "Mehr" échouant avec des riffs qui n'explosent pas malgré le gros son, ou encore "Ich Tu Dir Weh" en mode rouleau-compresseur pas du tout immédiat.

RAMMSTEIN arrive au bout d'un cycle avec "Liebe Ist Für Alle Da" et il s'en rendra d'ailleurs compte très vite, la probité artistique étant une de ses principales qualités, préférant faire profil bas en studio, le temps de trouver la formule du renouveau, qui n'arrivera à maturation que dix ans plus tard. En attendant, la tournée de 2009-2010 viendra confirmer la suprématie scénique du groupe matérialisé par la sortie de "In Amerika", un Live électrisant enregistré dans un Madison Square Garden blindé !