Quand SLAYER a-t-il exactement mis les pieds sur la pente savonneuse du déclin ? Ce n’est pas facile à dire et tout tend à converger vers le départ de Dave Lombardo. Seulement, son retour n’a pas franchement arrangé les choses d’un point de vue qualitatif, donc la raison est autre. En fait, SLAYER a mis un genou à terre quand il a cessé d’être malsain et de pouvoir distiller des ambiances maléfiques ou franchement inquiétantes sur album. En termes de violence brute, le groupe se pose là. Mais en matière d’environnement, de décorum pourrait-on dire, c’est le vide.

Et "World Painted Blood" ne déroge pas à la règle. Malgré une ouverture comme d’habitude très soignée, qui donne envie d’aller plus loin dans la découverte du disque, malgré un "Human Strain" qui tente de nous refaire le coup de "Dead Skin Mask", mais sans réussir à capter cette essence démoniaque qui fait ici cruellement défaut. SLAYER fait du SLAYER, mais il ne le fait pas bien dans le sens où il bourrine à vide, encore une fois.

Encore une fois, le groupe saccage sa légende en se parodiant. C’est du classique, la patte du groupe est immédiatement identifiable, mais ça sonne désespérément creux par moments. On se surprend à adhérer à un riff, un pattern de folie de Lombardo qui ne s’économise pas, mais encore une fois c’est Tom Araya qui tire l’ensemble vers le haut, il continue à sembler impliqué, même si on peut légitimement regretter qu’il ne module pas plus sa voix pour justement créer ces ambiances malfaisantes dont le combo avait le secret.

"World Painted Blood" manque de passion peut-être, d’idées neuves très certainement. Il est dommage que Jeff Hanneman nous ait quitté sur ce qui aura été son ultime album studio.