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AVALAND - Theater Of Sorcery (2021)
Par T-RAY le 22 Mars 2021          Consultée 6125 fois

Qu'il semble loin le temps où la France était moquée pour l'indigence de sa scène Power Metal et Metal Sympho. Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, bien évidemment, cette situation correspondant globalement à la décennie 1990. Depuis l'aube du XXIème siècle, en revanche, notre pays a pris sa revanche avec quelques groupes et projets de qualité qui, s'ils ne rejoignent toujours pas le nombre foisonnant d'artistes du genre venus des pays germanophones ou même d'Italie, ont toutefois proposé des œuvres intéressantes voire un peu plus que ça.

HEAVENLY et FAIRYLAND viennent instantanément en tête mais il s'agit de la partie émergée de l'iceberg. La scène française n'a pas fini de dévoiler ses promesses et l'une des plus éclatantes de ces dernières années est sans aucun doute AVALAND. Projet monté par le claviériste du groupe de Metal Prog grenoblois AMON SETHIS, Adrien G. Gzagg, AVALAND déboule en 2021 avec l'ambition majuscule de proposer un Opéra Metal digne des grands modèles allemands du genre, ceux d'AVANTASIA en tête. Et qu'AVALAND partage certaines de ses syllabes avec la créature de Tobias Sammet ne relève pas que de la coïncidence.

On retrouve dans "Theater Of Sorcery", à la pochette signée Stan-W Decker, la même volonté de proposer une histoire qui tient debout, et même mieux que ça : une véritable épopée entre conte et œuvre de Fantasy, qui se dévoile au fil des morceaux et de l'interprétation de ses musiciens, permanents ou invités. De ce côté-là, d'ailleurs, Adrien G. Gzagg a mis le paquet. L'homme est allé chercher des pointures pour interpréter les autres personnages qui gravitent autour du protagoniste principal qu'il incarne (brillamment) lui-même en fil rouge, Adam Wilstorm, jeune sorcier en devenir, appelé à la rescousse par le roi d'Avaland pour ramener la lumière dans le pays.

À commencer par le souverain lui-même, qui n'est autre que Ralf Scheepers, ex-GAMMA RAY et fondateur de PRIMAL FEAR ! Ses interventions sont parmi les plus rares de l'album mais elles se font plus que remarquer, la vedette allemande étant ici particulièrement en voix. Prenant manifestement son rôle de monarque d'Avaland très à cœur, Scheepers offre une épaisseur remarquable au très théâtral "Gypsum Flower", splendide pièce de Power Symphonique à forte tension dramatique, où mélodies d'inspiration orientales et lignes plus classiques se marient subtilement. Ralf ne suffit pas à lui seul à magnifier ce titre, mais vu qu'il y est entouré d'un Emmanuelson (RISING STEEL, ELLIPSIS) et d'un Zaher Zorgati (MYRATH) eux aussi très en forme, l'ensemble fait des étincelles.

Le plus difficile à l'écoute de ce premier opus d'AVALAND est peut-être de mettre en avant telle performance vocale aux dépens de telle autre tant chaque chanteur et chanteuse convié semble s'être mis au défi de faire mieux que son partenaire de micro, et peu importe que l'année 2020 covidée ne leur ait pas vraiment permis de se retrouver tous dans le même studio. Y compris lorsqu'il n'y a qu'un seul guest aux côtés de Gzagg, le duo qu'ils forment ensemble assure grave. La complicité d'Adam Wilstorm avec son maître en sorcellerie, joué par Emmanuelson, est palpable sur les deux compos où les deux personnages apparaissent ensemble : le morceau-titre en ouverture, belle tuerie de Power Sympho, encore, et l'étonnamment Heavy "Déjà-Vu", bien plus accrocheur qu'il n'y paraît de prime abord.

Aux côtés de notre Jeff Kanji, qui incarne Jacob Reiser, le meilleur ami du héros, le leader d'AVALAND vise droit au cœur des passionnés de Power Metal avec un "Holy Kingdom Of Fools" de facture archi-classique pour le genre mais qui fait mouche à tous les coups, avec son refrain bombastic et ses chœurs emphatiques. Entouré de voix féminines telles que celle de Madie (NIGHTMARE) sur le très Hard Rock "Never Let Me Walk Alone", bien catchy comme un hit surgi des 80s, ou celle de Heli Andrea (MOBIUS) sur le délicat "I'll Be Ready For Your Love", Gzagg réussit son coup aussi. Et lorsqu'il est seul avec Zak Stevens, ancien de SAVATAGE et TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA, cela donne un "Storyteller" décapant, véritable tube qui menace, aux premières écoutes de l'album, d'occulter les autres compos tant il est immédiat et imparable.

À titre personnel, j'ai mis quelques jours à passer outre ce titre-là qui, comme l'arbre cache la forêt, peut longtemps faire détourner les yeux de la luxuriance qui se cache derrière. Car "Theater Of Sorcery" est une œuvre luxuriante. Luxuriante de par la diversité de ses influences, qui ne se limitent pas au Heavy ni au Power. Luxuriante, aussi, de par la qualité du travail de composition, peaufiné dans ses moindres détails. Chose plus qu'appréciable en ce qui me concerne, surtout pour un disque conçu par un claviériste : les orchestrations symphoniques ne sont pas envahissantes et c'est avec la guitare en tête que semble avoir été composé "Theater Of Sorcery", comme tout album de Power Metal se doit de l'être, à mon sens. Ici, les orchestrations viennent complémenter et sublimer des riffs qui sont souvent avant tout des riffs de guitare.

Bien sûr, les cordes frottées sont là et les mélodies qu'elles jouent sont motrices dans la plupart des morceaux du disque, mais avoir choisi d'inviter des guitaristes renommés comme Ricky Marx (ex-PRETTY MAIDS) et Stéphan Forté (ADAGIO), et d'autres moins célèbres mais talentueux tout de même, comme Ayman Mokdad (VENUS SYNDROME, ALIEN ENCOUNTERS) et Virgile (ex-RISING STEEL), montre le respect qu'accorde Adrien G. Gzagg à l'instrument. Et les quatre six-cordistes le lui rendent bien, à lui ainsi qu'aux morceaux sur lesquels ils interviennent. Il serait toutefois injuste d'oublier qu'AVALAND, c'est aussi un groupe et que les quatre musiciens qui le composent aux côtés de Gzagg assurent leurs parties sans coup férir.

La production de Steven Rozier et le mixage signé Caleb Bingham, ancien gratteux de FIVE FINGER DEATH PUNCH qui a aussi procédé à des arrangements sur l'ouvrage, offrent une épaisseur et une ampleur indispensable à la satisfaction de l'ambition d'AVALAND sur ce premier album. Une ambition débordante et assumée qui voit Adrien G. Gzagg confronter des voix très différentes sur plusieurs morceaux de choix. Ainsi celles de Zaher Zorgati, Jeff Kanji et Heli Andrea sur un "Let The Wind Blow" qui finit par entrer pour longtemps dans la tête de qui l'écoute. Un Zorgati et un Kanji qui contribuent une nouvelle fois à faire resplendir le Power Sympho dans ce qu'il a de plus pur, en l'occurrence cette tuerie qu'est "Escape To Paradise", au riff d'une telle évidence qu'il en devient fatal.

Une ambition qui amène enfin le leader d'AVALAND à faire chanter quasiment tous ses invités vocaux ensemble sur un "Rise From The Ashes" final gracieux qui résiste à l'envie de surenchère et vient clore l'album sur une note pleine d'espoir. Dommage que le morceau qui le précède, le moins direct "War Of Minds", n'arrive si tard dans la tracklist et qu'il soit plus difficile d'accès à un moment de l'album où l'on n'attend plus qu'une libération extatique, un climax qui n'arrive pas totalement, ou du moins, de manière moins orgiaque qu'on ne l'aurait souhaité, tant les deux premiers tiers de l'album sont une succession d'hymnes. À moins que ce sentiment final n'appartienne qu'à moi et que "Theater Of Sorcery" soit effectivement excellent de bout en bout ? À vous de voir.

Quoi qu'il en soit, ce superbe premier opus d'AVALAND ne vaut pas d'être privé d'éloges pour autant, d'autant qu'il les aurait décroché aisément s'il avait été allemand. Pourquoi ? Parce qu'il les mérite, point.

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- Adrien G. Gzagg (chant, claviers, orchestrations)
- Christophe Feutrier (guitare, chœurs)
- Lucas Martinez (guitare, chœurs)
- Camille Souffron (basse, contrebasse)
- Léo Mouchonay (batterie, chœurs)
- -----
- Emmanuelson (chant sur 1,2,8,11, chœurs)
- Ralph Scheepers (chant sur 2,11)
- Zaher Zorgati (chant sur 2,3,5,10,11)
- Heli Andrea (chant sur 3,9,11, chœurs)
- Jeff Kanji (chant sur 3,5,6,11, chœurs)
- Zak Stevens (chant sur 4)
- Madie (chant sur 7,10,11)
- Ricky Marx (guitare solo sur 1)
- Stéphan Forté (guitare solo sur 2)
- Ayman Mokdad (guitare solo sur 7)
- Virgile (guitare solo sur 8)
- Yves Campion (chœurs)
- Cara (chœurs)


1. Theater Of Sorcery
2. Gypsum Flower
3. Let The Wind Blow
4. Storyteller
5. Escape To Paradise
6. Holy Kingdom Of Fools
7. Never Let Me Walk Alone
8. Déjà-vu
9. I'll Be Ready For Your Love
10. War Of Minds
11. Rise From The Ashes



             



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