Quelque part dans l’Arkansas, à la sortie d’un show tout en lumières, lap-dances, bandes enregistrées, malgré tout plutôt abouti, MÖTLEY CRÜE se détend dans son tour-bus (hum hum…). Le spectacle était de qualité, les fans reprenant en cœur l’innombrable quantité de tubes accumulés au long d’une carrière de bientôt quarante années, la valise à biftons se remplissait à chaque date. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nikki Sixx, John 5, Tommy (Seven ?) et Vince Meal pouvaient se détendre autour d’un bon verre, la sensation du devoir accompli, malgré une sombre affaire de contrat déchiré devant les médias. Les glaçons tintaient dans les verres à Bourbon, lorsque le petit dernier arrivé allait malencontreusement brutalement poser sur la table LE sujet qui fâche ?

John 5 : « et sinon, vous avez écouté l’album de Mick Mars ? Pas mal, non ? »

(silence gêné : Vince finit son triple burger, Tommy tape frénétiquement sur la table basse avec ses baguettes, alors que le visage de Nikki tourne cramoisi peu avant avant d’exploser).

Nikki : « putain mais quel connard celui-là ! Non seulement le vieux squelette nous colle ses avocats au cul, mais il finit par le sortir, son foutu disque avec lequel il nous bassine depuis plus de dix ans. Il n’alignait plus trois notes avec nous, n’a jamais rien composé de sa vie, me laissant la charge de la tâche, et là, l’air de rien, il nous pond un LP entier, et me pique le créneau que j’avais occupé avec SIXX: A.M. : du gros Hard Rock de stade ultra-produit. Je n’en reviens pas »
Vince : « quelqu’un a vu ma bière ? »
Tommy : « ouais Nikki, il t’a bien niqué. En plus, il a pris un chanteur plutôt bon, le Jacob Bunton-là, malgré son manque flagrant de personnalité. Tiens, on croyait entendre ton James Michael derrière le micro. Ça sonne juste et plutôt bien, mais bon, pour l’originalité, on repassera. N’empêche, ça m’emmerde de le dire, mais il fait le taf, dans le genre… Et puis ça fait bizarre d’avoir un vrai chanteur dans un groupe, non ? On n’a plus l’habitude depuis le départ de Corabi. »
Vince : « nan mais sérieux les gars, quelqu’un a vu ma binouze ? »
Nikki : « ouais, enfin moi, j’avais DJ Ashba quand même. C’est autre chose que Mick à la six-cordes. On ne l’entend pas beaucoup, l’autre zombie, finalement, sur son propre disque. Ça riffe bien, c’est clair, mais toujours les mêmes limites sur les soli. Quand tu écoutes le skeud d’un guitariste, tu espères que ça envoie un peu dans tous les sens quand même. »
John 5 : « je vous trouve durs les gars. Bon, les soli, c’est toujours pas vraiment ça, je suis d’accord, mais il y a des petits leads planqués un peu partout, pas dégueu du tout. Ça apporte vraiment quelque chose aux compositions, un brin génériques, j’avoue, mais c’est pas pire que tes derniers SIXX: A.M., Nikki. »
Vince : « elles sont où les pizzas, putain ? »
Nikki : « avouez quand même qu’on se fait un peu chier au milieu de la galette, non ? Ça débute sur les chapeaux de roue avec "Loyal To The Lie" et "Broken On The Inside", mais derrière, c’est tout mou, jusqu’au final un chouïa plus énervé. Les "Ready To Roll", les "Killing Breed", ils sont tout moisis ces morceaux, non ? Et puis bon, coller une prod à la FIVE FINGER DEATH PUNCH pour gonfler les pectoraux comme ça, quand tu vois la dégaine du mort-vivant, ça fait un peu pitié. »
John 5 : « c’est vrai que je ne m’attendais pas du tout à ça. J’espérais un truc plus organique, plus brut. J’ai été bien déstabilisé au début, mais au final, en multipliant les écoutes, ça passe. Les arrangements sont plutôt bien foutus. Et puis ce n’est ni le premier, ni le dernier à le faire. Mais bon, j’aurais préféré des titres plus du style de la dernière piste : "LA Noir", toute en sensibilité bluesy et un poil moins trafiquée. Cet instrumental est top ! C’est moi qui vous le dit ! "Memories" et son intro au piano, c’est sympa aussi, non ? »
Tommy : « j’avoue également que les paroles sont plutôt touchantes. J’ai presque des remords en écoutant "Alone". T’as lu les lyrics de "Undone" : "the pain is flowing through my veins, like a knife right through my soul, I fall to the darkness, scarred by the choice I made, dammed by a distant fire that never fades away, I beg for forgiveness, pray to the rising sun, grasping for one last breath, I slowly start to come undone." On l’a quand même bien laissé tombé comme une merde, Nikki, avouons-le. Il n’a quand même pas l’air d’aller super bien quand tu écoutes ce qu’il nous raconte. "The Other Side Of Mars" transpire sa mort arriver, à bientôt 73 piges. Peut-être qu’on a fait une connerie, quand même… »

(John 5 tousse)

Tommy : « non, ce n’est pas vis-à-vis de toi, John. C’est juste que bon, à l’écoute du truc, force est de constater qu’il en avait encore sous le pied. Et puis Ray Luzier (KORN) à la batterie, ça me peine de le reconnaître, mais il assure le bougre. »
Nikki : « ouais… Enfin, 39 minutes, c’est un peu court quand même, surtout quand tu te farcis le ventre-mou du merdier. Et puis, on se demande quand-même s’il a vraiment intégralement composé son machin-là, tellement ça sent la patte de producteurs avides de capitaliser sur son blaze. Il est même aller chercher Michael Wagener (*) pour superviser le bousin ! Je vais refaire un SIXX A.M. si c’est comme ça, et lui montrer comment ça marche ! »
John 5 : « sinon, on peut refaire un album du CRÜE avec moi ? »
Tommy : « contente-toi de prendre le fric des tournées. Ça ne sert plus à rien de faire des disques. À moins d’avoir des trucs intéressants à dire, mais nous, ça fait bien longtemps que ce n’est plus le cas. »
Vince : « quelqu’un a vu les clés de ma caisse ? »
Tous : « ta gueule, Vince et pose ton gros cul dans le fauteuil ! Ce soir, tu ne conduis pas. »

(*) Producteur de MÖTLEY CRÜE ("Too Fast For Love"), W.A.S.P., Alice COOPER, POISON, EXTREME, MEGADETH, SKID ROW et bien d’autres.